Il est encore temps que les jeunes de nos jours nous sauvent

La noce au Saguenay et la musique québécoise, la violence virtuelle qui devient réelle, Rebel News à Paris et la Bugatti de madame Zelensky.

Il est encore temps que les jeunes de nos jours nous sauvent

Avant de commencer, un petit mot pour vous dire que je vais prendre une pause d’infolettre dans les prochaines semaines puisque je pars pour le Japon. Je vous enverrai des cartes postales!

J’ai pas mal terminé la migration de tous mes contenus vers cette nouvelle plateforme. Pas juste les infolettres, mais aussi les archives de citations du Club des mal cités et du Sportnographe. Il y en a 6600. Pour recevoir chaque jours les nouvelles citations, il faut s'abonner à Tourniquet Express. Les archives radio du Sportno sont maintenant disponibles ici, si vous êtes nostalgiques. Je ferai un compte rendu plus complet à mon retour.

La Noce

En attendant, je reviens de Chicoutimi où j’étais pour le festival La Noce. C’était la deuxième année de suite où j’y allais, et encore une fois, je n’ai pas été déçu. Le décor y est magnifique et les festivaliers sont extraordinaires.

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Une publication partagée par Olivier Niquet (@oniquet)

Rien de mieux pour contrer le discours négatif sur les jeunes de nos jours que de les côtoyer (il y a aussi beaucoup de personnes âgées comme moi, mais je dirais que la moyenne est dans la vingtaine). On nous dit qu’ils sont trop sensibles, infidèles au travail ou paresseux, ce qui est peut-être vrai à divers degrés. J’aurais tendance à penser qu’ils ont raison d’essayer de se faire chier le moins possible. Ils sont surtout aimables, empathiques et ouverts. Bon, évidemment, si j’étais allé à un festival de courses de tracteur, la « vibe » aurait peut-être été différente, mais on ressort toujours de La noce avec cette impression que l’avenir est radieux et que la culture québécoise est vivante. En tout cas, ça me fait du bien de me faire accroire que c’est le cas.

Karkwa était en pleine forme bien sûr et j’ai beaucoup beaucoup aimé le concert de Population II (je trouve ça bizarre d’utiliser le mot « concert » pour ce genre de musique). Ils ont une attitude, une présence sur scène qui en impose. Mon genre de prestation. Ils font un spectacle gratuit sous le viaduc Van Horne vendredi, en passant. Surtout, j’ai dû me rendre à l’évidence que j’avais un kick sur les filles qui rockent. DVTR dans un petit bar, c’était assez excellent. J’ai été trop niaiseux pour réaliser que j’avais déjà croisé à quelques reprises la chanteuse, Laurence G-Do, puisqu’elle est aussi membre de Le Couleur, qui était le band de nos épisodes de La soirée au Corona. Le batteur et le bassiste avaient des cagoules. Ça en jette. Ils ont fait une excellente reprise de Pied de poule, en plus. Juste après, j’ai pu revoir Pypy, aussi menée par une femme qui en a dedans. La chanteuse de Oui Merci, elle, avait une présence envoutante qui m’a charmé. Ça m’a fait oublier le look Frank Zappaesque des autres membres du band. Enfin, le côté rock d’Ariane Roy avec Le roi, la rose et le loup est ce que je préfère.

Comme l’a dit Thierry Larose: vive la musique québécoise!

C’est juste de la télé

Ça vient d’être annoncé: La journée (est encore jeune) sera disponible en intégralité (prologue inclus) sur tou.tv tous les jours dès 18h et diffusé sur ARTV tous les soirs à 23h. De la radio en images, ça se fait partout dans le monde, alors pourquoi pas nous? Les cotes d’écoute sur ARTV étaient très bonnes à l’époque où La soirée y était relayée. Ça pourrait peut-être s’inscrire dans la routine de « late night » de certains téléspectateurs…

Violence virtuelle et réelle

Cette semaine, Sophie Durocher était en cour suite à une plainte qu’elle avait déposée contre un sauté de la calotte des mesures sanitaires qui l’avait menacée de mort (présumément).

« L’homme de 52 ans a raconté au tribunal qu’il craignait que l’influence de la chroniqueuse sur la place publique n’envenime le « climat de violence » envers les personnes non vaccinées. Il n’a jamais pensé que son « commentaire disgracieux » serait public et « n’avait aucune idée que ça se rendrait jusqu’à elle », explique-t-il. »

Sophie Durocher contribue parfois à la dégradation du climat social, mais jamais autant que les artisans de la désinformation autour de la pandémie. Les personnes comme ce monsieur ont été radicalisés par des influenceurs avides de notoriété et de revenus. Les répercussions dans la vraie vie sont réelles comme on le voit ici.

Un bon exemple de la radicalisation de ces personnes se trouve sous ce tweet relayant un texte d’Alain Vadeboncoeur sur la prévention des chutes chez les personnes âgées.

La plupart des commentaires parlent de vaccins, de pandémie, de liberté. La haine de ces gens envers les spécialistes de la santé est ahurissante. Et ce sont des mal pensants, d’Éric Duhaime à Samuel Grenier en passant par Amélie Paul, qui ont rendu ces citoyens dans un tel état. De plus en plus, on rend légitimes leurs idées en les intégrant à l’espace public.

Encore dernièrement, une publication louangeant le Caporal Lortie était partagée 45 fois sur Facebook. Ce n’est pas énorme, mais que 45 personnes aient trouvé normal de diffuser ça à tous leurs amis nous dit quelque chose.

Les commentaires sont à l’avenant.

Plogues

Pour les abonnés premium+, je reviens ici sur une réaction suite à ma dernière carte blanche dans La Presse:

L’aveuglement plus ou moins volontaire des idéologues
Tout ça n’est qu’une anecdote, mais je trouve ça quand même révélateur de l’époque dans laquelle on vit. Une époque d’aveuglement volontaire où la fin justifie les moyens.

La France envahie par Rebel News

Dans le légèrement plus subtil, on a Alexandra Lavoie de Rebel News qui est allée à Paris couvrir la non-victoire de l’extrême droite (bon texte de Jean-François Nadeau à ce sujet, ici). Elle a publié cette vidéo qui m’a choqué.

« Vous ne croirez pas à ça, c’est assez choquant » dit-elle. Shocking en effet d’être choqué parce qu’il y a beaucoup de personnes de couleur à Paris. Qu’est-ce qu’elle essaie de nous dire? Après on se demande pourquoi ces personnes sont victimes de racisme.

Ça me fait penser au roman policier que je suis en train de lire. « All the sinners bleed » de S.A. Cosby. C’est vraiment glauque, mais aussi vraiment bon. Ça se passe en Virginie où le racisme est plus que systémique et régit encore beaucoup la société. J’ai noté ce passage où le shérif noir discute avec un citoyen qui se plaint de n’avoir pas été accepté à l’université à cause des quotas.

« Titushucked ruefully. "Showing ott at taney college degree, huh, Titus? You know I couldn't get into UVA. Too many quotas had to be filled." "If that's what lets you sleep at night, Scott, you go right on believing that," Titus said. "I guess I'm a racist now, right? Seems like anybody who speaks the facts gets called that nowadays," Scott said. Titus could hear the aggrieved sneer through the phone. Scott was the type of man who complained about the world being too sensitive these days without ever acknowledging the irony of his own fragility or privilege. Where some saw equality, he saw conspiracies against his manhood, his iden-tity. He would tell anyone who would listen that he had the biggest house in the county and a Jaguar and a Hummer because of his own hard work, not because he was white or the son of the richest family in the county. Scott seemed to think he was a brave new soldier in the current culture wars. »

J’ai laissé en anglais, parce que la traduction n’aurait pas rendu justice. Mais on parle d’un monde qui a peur de perdre ses privilèges et qui cherche des boucs émissaires.

Le retour du petit Jésus

Il y a le racisme, mais aussi la religion qui est très présente dans ce roman. Au sujet des influenceurs chrétiens, il faut voir ce reportage d’URBANIA qui met entre autres en vedette JNT, le gars du très populaire balado Prend un break qui vient de découvrir le seigneur après un trip d’ayahuasca. C’est weird en ta.

Depuis quand c’est cool d’aimer Dieu?
Les pasteurs ont TikTok et Instagram?

La Bugatti de la première dame d’Ukraine

Les influenceurs pro-russes, qui sont souvent bizarrement les mêmes que les influenceurs de la « liberté », ont beaucoup relayé cette fausse nouvelle voulant que l’épouse de Volodymyr Zelensky se soit acheté une Bugatti. Or il s’avère que c’était l’œuvre de trolls russes utilisant l’IA:

« L’histoire inventée de toute pièce tire ses origines d’un site web russe de fausses nouvelles générées par intelligence artificielle (IA), qui cherche à influencer le public français. »

On est vraiment dans un nouveau monde. Des trolls. Russes. Qui utilise l’IA. Pour influencer les Français.

L’un des pires comptes québécois sur X, André Arthur Live du Paradis a publié la nouvelle. Il a aussi relayé cette image de l’humoriste Jean-Michel Martel, qui trafique régulièrement des photos à l’épicerie pour rigoler.

Des fois je me dis qu’ils sont juste mal intentionnés lorsqu’ils partagent de fausses nouvelles, mais ce genre de cas me questionne plutôt sur leur intelligence. Voir que tu crois à ça…

Dans le même genre, Dominic Maurais, lui, dérape complètement à s’attaquant à Nicholas De Rosa des Décrypteurs:

Ce gars-là a clairement décidé que plus jamais il ne serait pris au sérieux.

Musique

Je parlais de Oui merci, les voilà:

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