Au-delà du réel: Jean-François Caron trafique les faits

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Au-delà du réel: Jean-François Caron trafique les faits

J’ai pris un peu d’avance sur cette infolettre cette semaine puisque j’ai passé deux jours à animer La journée est encore jeune, ce qui est quand même plus relax que de faire une chronique. Cela dit, ce n’est pas tout à fait mon trip.

Par contre, je vous annonce que je vais bientôt vous annoncer un nouveau projet sur lequel je travaille. Libérez de l’espace dans votre boîte à malle pour recevoir un courriel à ce sujet dans les prochains jours…

Oli ne répond pas à Caron

Belle vignette sur le site de Radio X mardi.

Le professeur Jean-François Caron du Kazakhstan répond à ma chronique où je le cite, et honnêtement, je ne pensais pas que ça se pouvait, mais j’ai été surpris de son analyse de la situation.

En gros, j’ai diffusé à la radio un clip où M. Caron dit que ce sont les démocrates qui soufflent sur les braises de la haine et qu’en critiquant trop durement Trump, ils poussent des gens à commettre des actes violents, à tenter de l’assassiner. Ça, c’est un bout de la chronique. Plus tard, je diffuse un extrait de l’animateur Dominic Maurais qui nous dit que les experts en politique américaine ne sont pas mieux que les analystes de salon qui commentent à la télé. J’en ai parlé la semaine dernière. Dans ce clip, M. Maurais dit qu’à ce compte-là, comme Charles-Philippe David n’habite pas aux États-Unis et commente la politique américaine, c’est un imposteur.

Je reprends donc ensuite la ligne de Maurais pour montrer la contradiction derrière son raisonnement:

« Peut-être que leurs imposteurs universitaires qui commentent la politique canadienne et américaine à partir du Kazakhstan comme Jean-François Caron ou du Mexique comme Jérôme Blanchet-Gravel devraient leur expliquer le concept de méthode scientifique. »

Or dans le segment « JF répond à NIQUET », Dominic Maurais ne fait que passer le bout où je dis qu’il est imposteur parce qu’il habite au Kazakhstan et commente la politique d’ici de là-bas.

Caron comme Maurais s’indignent: « c’est quoi le rapport, on peut commenter quelque chose sans habiter sur place ». C’est un « raisonnement de cabochon » ajoute Maurais. C’EST TON RAISONNEMENT À TOI! C’est pas moi qui pense ça. Au contraire, je suis team Caron là-dessus! Il se traite donc lui-même de cabochon. Incroyable quand même comment ils font dire complètement l’inverse à mes propos.

M. Caron termine en disant que lui, au moins, il a fait des études dans le domaine qu’il commente, contrairement à moi. J’imagine que j’aurais dû étudier à l’école de l’humour ou à l’école de la vie, pour faire des commentaires taquins sur tout ce qui se passe dans… la vie. Mais surtout, je ne dis pas qu’il faut être expert pour parler d’un sujet, je dis qu’on ne peut pas mettre sur le même pied d’égalité les experts et des gens qui, bien intentionnés ou pas, se basent sur leurs feelings.

On pourrait penser que M. Caron a été induit en erreur par les animateurs de Radio X qui lui ont présenté l'extrait en question. Or quelques heures plus tard, M. Caron faisait une vidéo sur le compte YouTube du balado Ian et Frank pour dire sensiblement la même chose avec le même extrait tronqué et la même prémisse complètement dans le champ. C'est donc dire qu'il a vu la chronique originale.

(beau choix de photo, j’apprécie!)

Une vidéo qu’il a publiée sur X avec la mention « le troll neutre et indépendant ». J’accepte l’appellation de troll, mais je n’ai jamais dit que j’étais neutre et indépendant.

Dans sa vidéo, il détaille ses états de service pour prouver ses qualités de chercheur, se défendant de quelque chose que je ne lui ai jamais reproché. Il termine sa vidéo en disant que je sais où le rejoindre. Malheureusement, il m’a bloqué sur X, alors ce n’est pas là que j’ai pu le rejoindre. J’ai aussi écrit un commentaire sous la vidéo pour qu’il soit conscient de la situation, mais il semble que le propriétaire du compte a choisi de masquer ma réponse, qui n’est visible que par moi et non pas par les personnes qui me traitent de cave en commentaire. Enfin, j’ai écrit à l’adresse kazakh du prof pour lui dire qu’il me faisait dire le contraire de ce que je disais, mais au moment de l’heure de tombée de cette infolettre, je n’ai toujours pas eu de réponse. J’espère que le régime ne filtre pas ses courriels.

J’ai ensuite interpellé le propriétaire du compte YouTube, Ian Senéchal, pour qu’il explique à M. Caron que la diffusion de cette fausse information pourrait nuire à sa réputation de chercheur distingué. Mais M. Sénéchal a choisi de m’envoyer chier.

C’est donc un problème insoluble. M. Caron est condamné à ne pas savoir qu’il est dans l’erreur (je sais, il le sait très bien). C’est quand même particulier pour un prof d’université rompu à la méthode scientifique. J’espère que ça ne nuira pas à sa crédibilité.

Faut être culotté quand même, parce qu’en gros, il est impossible de discuter et de rétablir les faits. Dans ce monde parallèle, ce que dit M. Caron est la réalité et ça restera la réalité. Des faits alternatifs comme disait l’autre. Nous sommes rendus au-delà du réel. D'ailleurs, je ne suis pas sûr que c'est intéressant pour vous que je parle de tout ça, mais dans les circonstances, je trouve nécessaire de laisser une trace sur internet.

Ce qui est quand même ironique aussi, c’est le nombre de messages violents que j’ai reçu des fans de ce gars-là par la suite, dont un message vocal assez troublant. C’est ironique parce que c’était au départ un débat sur les gens qui attisent la haine et la violence politique!

On m’a aussi dit que je citais moi-même les gens hors contexte. C’est de bonne guerre et je suis régulièrement moqué dans ces stations sans que ça ne me fasse réagir. Par contre, jamais je ne fais dire autre chose aux gens que je cite. Ça ferait bien longtemps que j'aurais été poursuivi et/ou congédié si je faisais ça. C’est pour ça que je tenais à répondre à CARON, même si je ne réponds pas sur le fond, mais plutôt sur la forme.

Plogues

Influenceurs

On pourrait se dire que c’est marginal et que ça ne vaut pas la peine d’en faire tout un plat puisque ces gens-là ont une portée limitée, mais je pense que ce serait une erreur. D’abord, oui, leur portée est limitée, mais dans un cercle de gens très intenses, un milieu presque sectaire. Leur pouvoir de dissuasion est suffisant pour décourager certaines personnes qui n’ont pas envie de se faire harceler par des pirates sur toutes les plateformes comme c’est mon cas depuis deux jours.

Mais je pense qu’on sous-estime la nouvelle réalité de l’influence. Les gens dans les médias traditionnels et ceux qui vivent dans le monde d’antan ne réalisent pas à quel point certaines personnes ratissent large sur les réseaux sociaux. Un bon exemple est la découverte que le premier gars à avoir interviewé Donald Trump suite à sa tentative d’assassinat, Farokh Sarmad, est un influenceur de cryptomonnaie montréalais. Il anime un balado dans son appart du Vieux-Montréal. Je suis sûr que presque aucun lecteur de La Presse ne connaissait le type en question. En tout cas, moi, je ne le connaissais pas.

C’est comme ça pour plusieurs personnalités du web qui ont bien plus d’abonnés que les personnalités de notre star système. L’influence des premiers est en train de rattraper celle des seconds. Selon une étude de Pew Research Center, de plus en plus d’Américains s’informent sur TikTok:

« Depuis 2020, aucune plateforme de médias sociaux que nous avons étudiée n'a connu une croissance plus rapide en termes de proportion d'Américains qui s'y tournent régulièrement pour s'informer, selon une nouvelle analyse du Pew Research Center. En seulement quatre ans, la part des adultes qui déclarent s'informer régulièrement sur TikTok a été multipliée par cinq environ, passant de 3 % en 2020 à 17 % en 2024. TikTok est particulièrement populaire auprès des adolescents - 63 % d'entre eux déclarent avoir déjà utilisé la plateforme - et des jeunes adultes. »

On s’en va donc vers un monde où les mécanismes de vérification et les mesures de crédibilités sont flous et contrôlés par des entreprises étrangères, ce qui donne des histoires comme la mienne avec le Prof Caron (bon, je ramène encore ça à moi).

En même temps, selon l’auteur britannique et spécialiste des médias Nick Hilton, les médias traditionnels et la baladodiffusion se « youtubisent »:

« À bien des égards, c'est le contraire de ce que la baladodiffusion était censée être et de la façon dont il s'est développée. Le désir de servir des niches ignorées par les médias traditionnels était essentiel à l'adoption de la baladodiffusion. Permettre aux présentateurs et aux invités d'être plus audacieux, plus francs, plus verbeux - c'était aussi un avantage de la baladodiffusion sur ses concurrents. Il pouvait être geek et pointu ou exubérant et osé, mais il essayait toujours de s'affirmer comme différent de la télévision et de la radio. Mais la YouTubisation progressive de tous les médias atteint maintenant la baladodiffusion. MrBeast et Steven Bartlett sont tous deux totalement inoffensifs. Même leurs visages sont étrangement lisses, comme s'ils avaient été générés par une IA pour produire de « jeunes hommes non menaçants ».

Les balados s’aseptisent et commencent à tous se ressembler, comme c’est le cas des vidéos sur YouTube. Les médias font comme les youtubeurs et analysent les données de visionnement pour déterminer ce qu’il faut faire pour attirer des « spectateurs » plutôt que de se concentrer sur offrir un bon produit. Les médias sociaux prennent le relais des médias traditionnels, et l’accès aux statistiques avancées fait tendre les producteurs de contenu vers l’aseptisation, ou au contraire, vers l’exagération. Ce qui attire des clics, quoi.

Les nouveaux bars westerns de Montréal

Beau reportage d’URBANIA sur les bars westerns de Montréal. Si vous avez envie d’aller danser sur Cotton Eye Joe, lisez ça (mais si ça vous tente pas de danser, lisez quand même):

« En ce moment, le Spaghetti Western, c’est le talk of the town. Quand il est question de bars country à Montréal, c’est un incontournable. Dès les premières heures de la soirée, on peut être assuré qu’il y aura une file à l’entrée. On décide donc d’y aller dès son ouverture, autour de 17h, pour profiter du calme avant la tempête, et aussi pour savourer le fameux spaghetti qui lui a valu son nom. »

Ça donne faim.

50 nuances d’écoblanchiment

Parlant de projet qui s’insère bien à Montréal, moi aussi j’ai été frappé quand j’ai vu les photos du projet Royalmount (pas bravo pour le nom). La verdure que l’on voyait dans les plans originaux avait disparu. Pouf! La Presse a fait un texte à ce sujet, citant l’urbaniste Gérard Beaudet:

« Certains promoteurs comprennent très bien la nécessité de s’adapter aux changements climatiques, et c’est pour cela qu’ils mettent de la verdure ; mais d’autres utilisent simplement cette représentation pour l’esthétisme et savent, dès le départ, que ces arbres-là ne verront jamais le jour. »

Selon Équiterre, ça s’insère dans une stratégie de marketing vert. « C’est vraiment du 50 shades of greenwashing, nous dit leur directeur des relations gouvernementales. Ça crée surtout des îlots de chaleurs où 50 nuances de gris s’étendent à perpétuité.

On voit encore trop souvent la verdure comme une décoration alors que c’est un outil de santé publique.

Musique

Désolé, c’est encore du Bon enfant cette semaine:

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