Déniaiser l'Europe, les fouteurs de merde et regretter le vaccin

La fin d’année approche. Hier, j’ai enregistré mon Bêtisier 2021 qui sera diffusé le 31 décembre à midi sur ICI Première. J’espère qu’il ne se passera rien d’important d’ici là. Si le Doc Mailloux devenait subitement féministe avant le Jour de l’an, mon bêtisier ne serait pas à jour.

Ça ne vous surprendra pas trop de savoir que les grands thèmes de 2021 auront été ce fieffé virus de la COVID de type 19 ainsi que le phénomène woke.

Bock-Côté et Zemmour

À ce sujet, le quotidien français Le Monde publiait hier un portrait de Mathieu Bock-Côté, qui selon le journal, aurait eu une augmentation de salaire suite aux succès de son émission et de ses commentaires quotidiens (tant mieux pour lui). On le qualifie de Zemmour plus humain. J’aime particulièrement ces phrases du texte:

« Des moulinets de bras pareils à ceux d'un don Quichotte, un accent incantatoire qui déroule d'interminables subordonnées relatives,des indignations si péremptoires qu'elles saturent le son de la télé. »

« Depuis, ce pourfendeur des « mirages du multiculturalisme » joue le rôle d'une pythie qui aurait traversé le réel avant la vieille Europe et viendrait la déniaiser avant que la fameuse culture « woke », ce mouvement soucieux des injustices pesant sur les minorités et venu des campus américains ne la submerge. La droite française est conquise. »

Malheureusement, l’article n’est disponible que pour les abonnés (je l’ai lu par l’entremise d’Eureka), vous risquez de ne pas savoir comment MBC a réussi à « déniaiser » la vieille Europe.

Quant à Zemmour, l’explication de son ascension par Thierry Ardisson est assez claire:

« Thierry Ardisson, entre deux bouffées de cigarette, confirme au téléphone : « Barma l’a repéré ce soir-là. Mais on savait tous déjà que Zemmour était un bon client. » Il traduit : « C’est un bon fouteur de merde, un type qui dit toujours le contraire des autres, et moi j’aime bien ça. Tu es sûr qu’il va faire le show. Tu es sûr que Huster il va piquer une crise. C’est du pain béni. Quand je le reçois à ce moment-là, c’est comme si j’avais Alain Soral, Marc-Édouard Nabe ou Dieudonné. Ces types qu’on appelait les ‘‘infréquentables’’, mais qu’on fréquentait quand même, parce que ça boostait bien les plateaux. » Il note toutefois, avant de raccrocher, une différence fondamentale entre le Zemmour de 2006 et celui d’aujourd’hui. « À l’époque, il était rigolo. Désormais, il est tragique ». »

Je travaille à la radio depuis douze ans, je sais un peu comment fonctionnent les médias. Bien sûr qu’entre un invité introverti et un habitué des esclandres, on choisit souvent le deuxième. On veut qu’il se passe quelque chose. Que l’émission suscite des réactions, que les gens en parlent. À Radio-Canada, nous avons des limites éthiques et pensons la plupart du temps à l’intérêt public avant la cote d’écoute. Mais ce n’est pas le cas partout.

Les deux côtés de Fox News

Du côté des États-Unis, j’observe avec stupéfaction ce qui se passe avec l’investigation autour des événements du 6 janvier. On apprenait récemment que certains animateurs de Fox News avaient mis de la pression pour que Donald Trump fasse reculer les insurgés. La représentante Liz Cheney a même lu quelques textos que ces animateurs ont envoyés à Mark Meadows, le chef de cabinet de la Maison-Blanche.

Sauf que pendant ce temps-là, les mêmes animateurs disaient sur les ondes de Fox News que les partisans de Trump n’avaient rien à voir avec ça.

D’ailleurs, la chaîne n’a pas couvert les déclarations de Liz Cheney et sa lecture des textos. Les téléspectateurs de Fox News ne sauront probablement jamais la vérité. Ils restent dans leur bulle, leur chambre d’écho.

Sondages

C’est aussi ce qui se passe ici. Il est toujours étonnant de voir les résultats des sondages que font les animateurs de radio populistes du Québec. Par exemple, le compte de Radio pirate, la radio web de Jeff Fillion, a demandé à ses abonnés pour qui ils allaient voter aux prochaines élections. Résultat:

Dans la réalité, Éric Duhaime obtient à peine plus de 5% des intentions de vote au Québec. Ces gens vivent dans une sorte de réalité parallèle. C’est arrivé aussi avec Guy Bolduc, ancien journaliste sportif de TVA, qui a demandé à ses abonnés s’ils regrettaient de s’être fait vacciner.

Malheureusement, M. Bolduc a effacé son sondage (sûrement par mégarde) après avoir constaté que la grande majorité des gens répondaient qu’ils n’iraient pas se faire vacciner. J’ai seulement trouvé une copie de la question dans le cache.

Pourtant, il ne fait aucun doute en analysant les statistiques que les vaccinés sont beaucoup moins à risque que les non vaccinés. Mais dans la nébuleuse Radio X, on ne sait pas trop lire les statistiques.

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