Désabonnement impossible de l’infolettre d’IGA: la preuve de notre soumission à la technologie

L’arrivée de l’infolettre d’IGA, l’une des plus grandes menaces à la vie privée depuis la nomination d’Éric Caire comme ministre de la cybersécurité.

Désabonnement impossible de l’infolettre d’IGA: la preuve de notre soumission à la technologie
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AVERTISSEMENT: Brulot est un laboratoire de l'indignation qui cherche à confirmer l'hypothèse que l'on peut être en sacrament pour vraiment n'importe quoi.

Le monde est virtuel, comme le chantait si bien Serge Fiori. C’est une bonne chose à plusieurs égards, mais ça a aussi changé radicalement notre perception de la société.

Sur internet, on a l’impression que tout le monde est un maudit tata et qu’on pourra se faire menacer de mort par n’importe quel petit coune au détour d’un commentaire sur notre couleur préférée de Smarties (les verts sont les meilleurs).

Il restait le confort du courriel où nous pouvions nous épanouir sans trop de crainte de se faire lancer des émojis de clown par la tête.

Mais ça, c’était avant l’arrivée de l’infolettre d’IGA, l’une des plus grandes menaces à la vie privée depuis la fraude chez Desjardins et la nomination d’Éric Caire comme ministre de la cybersécurité.

Ma relation toxique avec l’infolettre d’IGA date du jour où j’ai fait ce qui allait devenir la pire erreur de ma vie: m’inscrire pour avoir une carte Scène.

« Scène? C’est quoi le rapport avec l’épicerie? »

Le rapport, c’est que j’ai envie de faire une scène à chaque fois que l’infolettre pénètre ma boîte de réception.

Parce que la maléfique missive est impossible à éluder.

Ça fait 27 fois que je me désabonne. 27 fois!

Elle revient chaque semaine, comme la misère sur le pauvre monde, s’insérant sournoisement entre les messages importants sur le solde bas de mon compte en banque et les demandes d’entrevues pour des balados inconnus. Régulière comme le cycle menstruel que je n’ai pas.

Ding! « Mes offres IGA ». Ding! « Mes offres IGA ». Ding! « Mes offres IGA ». Ding! « Mes offres IGA ».

Pire que les témoins de Jéhovah!

Eille! Je m’en bats le cornichon des offres IGA sur les concombres! Je m’en râpe le fromage des spéciaux sur le steak haché! Je m’en tamponne le pain de viande des points boni sur les carottes en forme de crottes au fromage!

C’est aussi difficile de sortir de cette infolettre que de sortir du Club Columbia, de l’Ordre du Temple solaire ou d’une dépendance aux amandes enrobées de chocolat.

Non mais c’est tu bon ça? Pas à peu près.

Impossible de quitter cette relation toxique avec IGA.

« Vive la bouffe », d’accord, mais y’a des limites! Et c’est aussi malheureux pour l’épicier que pour moi. Parce que chaque courriel supplémentaire qui me rentre dedans est une microagression dont l’accumulation me donne le goût d’aller chez Provigo.

Ou me donne le goût d’aller m’acheter une caisse de marteaux chez Costco pour fesser sur mon ordi.

Ou me donne le goût de juste plus manger. Ça me coupe carrément l’appétit.

« Tu accumules de la haine, mais au moins tu accumules des points Scène ».

J’accumule des poings dans face de mon iPhone, tu veux dire!

Le bouton « se désabonner » de l’infolettre de IGA est une honte pour l’humanité. Une arnaque des plus viles. Comme les boutons dans les ascenseurs pour forcer la fermeture des portes quand quelqu’un se grouille pour embarquer avec vous, il ne sert absolument à rien. Un placebo pour nous donner l’impression d’avoir du contrôle.

Comme les caisses libre-service qui sont pas capables de scanner la moitié de mes articles, le robot de l’infolettre IGA est déréglé.

Tant qu’à ça, j’aimerais mieux recevoir des pourriels de solutions miracles pour me faire agrandir le concombre. Au moins, ceux-là jouent franc-jeu: on le sait qu’on va se faire avoir.

La soumission de l’humanité devant les robots n’est pas une option. Si IGA se soucie le moindrement de sa clientèle, elle doit agir. S'il ne se passe rien d'ici une semaine, je devrai mettre mes avocats sur le dossier. Et ça tombe bien parce qu'ils sont en spécial à deux pour 2,99$ cette semaine...

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