Il faut entendre tous les points de vue, même celui de Satan

Le Spotify du réseau de la santé, le bon vieux temps d’internet, la télé du petit Jésus, et Charles III rencontre Satan.

Il faut entendre tous les points de vue, même celui de Satan

Bienvenue sur Tourniquet, l’infolettre d’Olivier Niquet sur la bêtise médiatique et politicienne, l’urbanisme et sur le satanisme. Au menu aujourd’hui:

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C’est la seule façon de me suivre pendant l’été (à part sur 32 réseaux sociaux) parce que je viens de terminer ma saison de radio.

Pour ceux que ça intéresse, je me suis permis une petite réplique au texte de Guy Fournier qui nous traitait de papoteux dans le Journal de Montréal. C’est disponible uniquement sur Tourniquet+, par contre.

Sommes-nous à l’image d’Éric Caire

Cette semaine, j’ai reçu un courriel m’invitant à créer un compte avec le nouveau service d’authentification gouvernemental qui remplacera clicSÉQUR. J’ai aussitôt créé mon compte puisque je suis toujours à la fine pointe de l’identité numérique (j’étais un des premiers sur ICQ en 1997, tsé). Semble-t-il qu’éventuellement on pourra accéder au Carnet Santé et aux services de la SAAQ par là. Je suis pressé de m’inscrire parce que ça me met en maudit que toutes nos patentes gouvernementales ne soient pas disponibles sous un même portail. Ça aurait dû être fait il y a 15 ans, alors je veux être aux premières loges.

Mais voilà que quelques heures plus tard, je tombe sur cette lettre ouverte dans le Devoir qui nous explique que c’est la compagnie américaine Epic Systems qui est chargée de ce nouveau dossier santé (probablement que je le savais déjà, mais j’avais eu le temps d’oublier). Epic Systems est une compagnie de globe-trotters puisqu’elle « traîne un lourd historique d’échecs partout sur la planète ». Et en fait ne nous vend pas un système, elle nous le loue:

« De ce fait, les Québécoises et Québécois ne seront jamais propriétaires du plus important projet d’informatisation de l’histoire du réseau de la santé et des services sociaux : nous nous contenterons de payer, année après année, pour utiliser nos propres données, comme nous payons un abonnement Spotify pour écouter notre musique. D’autres options existent pourtant. Louer des solutions à des entreprises dominantes des États-Unis coûtera plus cher que prévu, financièrement et politiquement. Il faut assurer notre souveraineté numérique en santé. »

Il me semble qu’on parle d’un moment charnière dans la transition numérique. Il faut que nos gouvernements restent indépendants des entreprises privées qui nous tiennent déjà par les couilles individuellement. Et à ce moment charnière, ça adonne que c’est Éric Caire qui est le ministre responsable. Tu parles d’une bad luck.

Des fois je me dis qu’on est juste niaiseux, né pour un petit pain, ou quelque chose comme ça. Ça ne dure jamais longtemps parce que je me rappelle assez vite que c’est le discours des influenceurs populistes qui menacent de déménager aux states mais qui ne finissent jamais par le faire. Reste que tsé, pourquoi c’est pas nous qui proposons des solutions innovantes? Pourquoi c’est pas nous qui pavons nos rues comme en Suisse?

Plutôt que de développer une façon innovante de faire les routes, on a acheté des machines pour patcher des nids de poule. Ressaisissons-nous s’il vous plaît.

Plogues

asteureUne curation quotidienne de nouvelles intéressantes que vous avez peut-être manquées parce que les réseaux sociaux sont rendus fous.Par Olivier Niquet

C’était mieux dans l’temps

J’évoquais ICQ (je devrais pas d’ailleurs, c’est une compagnie israélienne) et ça me fait penser à ce texte de Molly White sur le bon vieux temps où l’internet n’était pas « plein de marde » comme ils disent en Ontario.

« Ceci est certainement basé sur le sentiment selon lequel le web était tout simplement mieux à l’époque. Moins de trolls, beaucoup moins de robots. Des résultats de recherche Google qui renvoyaient réellement ce que vous recherchiez, pas seulement les sites qui payaient le plus. Des blogues bricolés et des pages LiveJournal écrites par des personnes qui semblaient authentiques, qui souhaitaient peut-être attirer plus de visiteurs pour faire grimper leurs compteurs de pages vues ou ajouter des entrées à leurs pages de livre d’or, mais qui n’essayaient pas de cultiver un personnage d’influenceur ou de leader d’opinion, « de construire une marque », ou de monétiser leur auditoire. Davantage un sentiment de voisinage, où tout le monde était un ami potentiel, et moins de crainte que les gens ne puissent interpréter votre publication sur les médias sociaux de la façon la moins charitable possible. L’inquiétude que la fille à qui vous parliez puisse être un homme prétendant être une fille, mais probablement pas la crainte qu’elle soit une arnaqueuse de cryptomonnaies romantique ou qu’elle fasse partie d’un réseau de désinformation parrainé par l’État. Moins d’annonces et moins intrusives, moins de recherche d’engagement, moins de surveillance. Moins de paywalls, plus de « l’information veut être libre ». »

L’autrice pense qu’on peut imaginer autre chose.

« Bien que nous soyons maintenant confrontés à un nouveau défi alors que la domination des plateformes closes est devenue écrasante, nous avons des atouts dans notre manche : les souvenirs de ce qui a été, et la créativité sans précédent d’un plus grand nombre de personnes que jamais auparavant, qui sont entrées dans l’étendue numérique, mais ont été désabusées par les magnats des affaires qui contrôlent la vie entre les murs. »

Je n’ai pas autant d’espoir que les choses changent, même si je suis de nature optimiste. Je trouve qu’on sous-estime la puissance de l’inertie.

En attendant, les tech bros continuent d’étendre leur domination. Tiens, cette semaine, Elon Musk, l’absolutiste de la liberté d’expression, a décidé que le mot « cisgenre » était un blasphème: « Essayer de publier un message en utilisant les termes « cisgenre » ou « cis » dans l’application mobile X et elle affichera un avertissement plein écran indiquant, « Ce message contient un langage qui peut être considéré comme une insulte par X et peut être utilisé de manière préjudiciable en violation de nos règles. »

La sensibilité des mâles alphas est maintenant protégée: ils ne seront pas confrontés à un tel mot offensant.

Ben Roger

Il y a deux semaines, j’ai diffusé à la radio une clip de Ben Roger à BPM Sports qui disait que le joueur étoile des Maple Leafs, Auston Matthews, n’était pas un vrai leader parce qu’il remettait ses boucles d’oreilles avant de s’adresser aux journalistes. J’avais l’impression qu’il remettait en question la masculinité de Matthews, mais Ben m’a écrit pour me traiter de « vilain garnement » dans un message fort sympathique où il m’expliquait qu’au contraire, il était un grand défenseur de la diversité, qu’il avait porté lui-même les boucles d’oreilles et qu’il voulait plutôt dire que Matthews n’avait pas les priorités à la bonne place. Bref, j’ai vraiment mal interprété ses propos (à ma défense, les animateurs ne semblaient pas bien l’avoir interprété non plus) et je voulais laisser une trace pour la postérité et vous dire que Ben Roger n’est pas Gilbert Delorme!

La télé du petit Jésus

J’ai regardé cette semaine une entrevue de Jesse Robitaille, un candidat du PCQ dirigé par le pétromasculiniste Éric Duhaime. Robitaille, c’est celui qui se lançait en politique pour contrer les projets de tramway parce qu’il s’était fait écraser deux fois par un tramway, mais que finalement c’était des chars qui l’avaient écrasé.

C’était une entrevue chez Théovox, le média subventionné du petit Jésus et des conspirations où il a entre autres parlé du cas du professeur Provost congédié par l’Université Laval parce qu’il propageait des informations controversées sur les vaccins. Robitaille, cet étudiant au cégep qui pense s’y connaître en recherche universitaire, trouve c’est une très mauvaise idée de contraindre les gens qui pensent différemment:

« La science consiste à remettre en question les thèses dominantes et de critiquer la ligne directrice. Et on l’a vu durant l’histoire, nous l’avons vu à propos de Galilée et sa théorie héliocentrique. »

C’est quand même ironique d’entendre ça, parce que Galilée n’a pas été censuré par la communauté scientifique qui ne pensait pas comme lui, au contraire, les autres savants de l’époque allaient dans le même sens que lui. C’est l’église qui l’a condamné. La même église sur laquelle trippe Théovox.

Je suis aussi allé voir la couverture qu’a faite Théovox de la marche antiavortement à Ottawa. On peut y entendre un des porte-étendard de cette lutte, George Buscemi:

« Nous reconnaissons qu’il existe un peuple meurtri, méprisé et oublié au Canada: c’est l’enfant à naître. 100 000 enfants à naître sont tués par année au Canada. Hier, j’ai vu un documentaire très intéressant qui vient de sortir, c’est celui d’Abby Johnson, donc une ex-avortrice. qui faisait des avortements dans une clinique d’avortement aux États-Unis et elle commettait ses avortements et finalement lorsqu’elle a vu un avortement sur une échographie, elle a vu l’enfant en être tenté de se sauver du tube aspirateur. Elle a eu une transformation intérieure et elle a témoigné de son passé et maintenant de sa présence, c’est-à-dire racheté par le Christ. »

Surréaliste.

Mais ce qui m’a le plus fasciné, c’est la vidéo de l’animateur qui se prend pour un preacher américain.

Il a des croûtes à manger, heureusement.

Satanisme

Pendant ce temps, Éloïse Boies, militante anti mesures sanitaires qui est intervenue souvent à Radio X ou chez Libre Média et qui a fait une entrevue avec Stéphan Bureau, a vu des choses dans la toile de Charles III.

Ben oui, il y a un message satanique dans cette toile.

Et que dire des vêtements de Kate Middleton?

Une vraie cinéphile!

Mais comme dirait Stéphan Bureau, il faut entendre tous les points de vue.

Chrysler

Belle pub d’un concessionnaire Chrysler de Québec.

Musique

Je ne suis plus tellement à jour dans les artistes français du moment. Johnny Jane, c’est sympathique.

Citations

🔈 Éric Duhaime, à propos d’une étude sur les pétromasculinistes

Ils nous traitent de pétromasculinistes. […] C’est venu me chercher parce que, imaginez qu’un autre chercheur ou un autre politicien accuserait Paul Saint-Pierre-Plamondon d’être un électro-féminisé. Tout le monde, aujourd’hui, serait scandalisé de ça. Puis là, parce que ça vient d’un sociologue de l’UQAM, il faut penser que c’est une vérité de La Palice.

🔈 Jeff Fillion, qui décrit un éventuel Québec souverain

Un pays Québec, je suis pas sûr que Spotify vous l’avez encore. Un pays Québec, je suis pas sûr que des trucks d’Amazon il n’y en a ben ben. Un pays Québec, t’auras peut-être un Québecflix, mais il n’y aura plus de Netflix. Il va y avoir un salaire minimum, ce sont les 15 piastres de l’heure, mais les gens seront plus pauvres. pauvres que jamais y ont été. Un pays Québec, c’est un litre d’essence à trois piasses. Un pays Québec, ça va être quinze cents piasses de plaques. Un pays Québec, une caisse de bière à cinquante-neuf piasses. Vous allez rentrer à l’urgence, vous allez attendre trois jours. Des blocs appartements gris, Y’a plus un juif dans la place. Je connais la recette d’un pays.

🔈 Éric Duhaime, qui confirme être un personnage

Ça fait aussi partie de la démocratie, faut avoir la peau épaisse, il faut être capable, puis moi je le vis à tous les jours, il faut être capable de faire la différence quand tu es une personnalité publique, entre ton personnage public et la personne que tu es vraiment, l’individu que tu es dans ta vie.

🔈 Pierre-Yves McSween, à propos des parents sans enfants qui cherche un héritier

À l’écoute, si y’a des parents qui n’ont pas eu d’enfant, et qui ont des 940 000 à laisser, et qui n’ont pas d’enfant, et qui aimeraient avoir un fils adoptif, je lève la main.

🔈 André Lamontagne, fier de sa shot

La Stratégie nationale d’achat des aliments du Québec, la SNAQ, on a trouvé que c’était un nom sympathique. C’est un soir comme ça, ça allait émerger d’un petit groupe au cabinet, pis il y en a un qui est arrivé avec ça, donc on a trouvé que c’était une belle histoire.

🔈 Éric-Ralph Mercier, à propos d’une piste de vélo de montagne clandestine

– Peut-être que le « jock strap » pardonnez-moi l’expression, le suspensoir pour hommes, est peut-être un peu « slack » pour le responsable des sports, c’est-à-dire que peut-être…
– Monsieur, Mercier.
– Question privilégiée, Monsieur le Président.
– … j’ai dit suspensoir pour hommes.
– Je comprends, mais, comment je dirais ça? J’aime pas la place où vous allez. […]
– Alors peut-être pour avoir sauté la clôture trop souvent des fois. Bon ben, ça s’étire, ça s’étire, ça s’évente. Bref.
– Il vous reste cinq secondes.
– Il lui reste que de porter des cuissards. Des cuissards plus serrés pour être près de ses citoyens.

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