La guerre aux déplacements

Au menu: des détours pour tout le monde à Montréal, CTV News et les fausses nouvelles et qui parle pour le vrai monde?

La guerre aux déplacements

Déjà trois éditions de Olivier Niquet en jaquette sont disponibles sur Ohdio (peut-être quatre, si vous ne lisez pas ceci au petit matin). Je ne vous gosserai pas avec ça trop longtemps parce que je vous ai écrit à ce sujet mardi dernier. Mais j’ai beaucoup de plaisir à le faire et j’espère que vous en avez à l’écouter. Ça devait être disponible à 8h, ce l’est finalement à 8h45 pour des raisons hors de mon contrôle. Ça changera sûrement éventuellement. En attendant, ça m’aiderait que vous ajoutiez l’émission à vos favoris dans Ohdio. Paul Arcand doit être en train de capoter à voir les « favoris » qui coulent à flots.

En passant, j’ai fait un nouveau texte du « Oli fâché » sur l’infolettre de IGA de laquelle je suis incapable de me désabonner. C’est presque pire que l’infolettre Tourniquet.

Désabonnement impossible de l’infolettre d’IGA: la preuve de notre soumission à la technologie
L’arrivée de l’infolettre d’IGA, l’une des plus grandes menaces à la vie privée depuis la nomination d’Éric Caire comme ministre de la cybersécurité.

La guerre aux déplacements

L’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette était à notre émission de radio cette semaine. Je sais, il y a beaucoup de monde qui n’aime pas M. Barrette. Je ne suis pas non plus un fan de son travail à l’époque où il était ministre de la Santé (quoiqu’honnêtement, le système de santé m’apparait tellement complexe que je suis plus ou moins capable d’en analyser les tenants et aboutissants), mais il est bien sympathique. Comme je disais, je n’ai pas ça en moi, de détester quelqu’un.

Il est arrivé en retard à l’émission et a déclaré en entrant en ondes: « Chaque fois que je viens à Radio-Canada, je constate que c’est la guerre à l’auto ». Avec ma répartie légendaire, je n’ai pas su lui répondre. Par contre, rétroactivement, j’aurais envie de lui dire que c’est une guerre aux déplacements que nous vivons à Montréal. Étant nouvellement un cycliste amateur professionnel, je sacre tous les jours en faisant les 10 000 détours nécessaires pour me rendre au travail. Christophe-Colomb est fermé à deux endroits, dont au viaduc près de Rosemont. Je dois prendre un détour par Boyer qui est aussi fermée près de Jean-Talon. Ensuite Rachel est fermée près de Saint-André et la moitié des petites rues que je dois emprunter une fois la côte descendue le sont aussi. J’essaie de me dire que ces travaux servent à réparer les rues qui sont dégueulasses, mais c’est quand même malcommode.

D’ailleurs, dans une lettre ouverte la semaine dernière, le journaliste Luc Chartrand a parlé la piste cyclable sur Christophe-Colomb:

« Combien a coûté l’autoroute du vélo sous-utilisée sur Christophe-Colomb qui est venue dédoubler une piste cyclable qui, pourtant, était déjà là ? Les Montréalais, dans tous les quartiers, peuvent faire leur propre liste de ces décisions. »

C’est sûr qu’elle est sous-utilisée, elle est fermée depuis des mois! M. Chartrand ne parle pas de guerre à l’auto mais des « mesures auto-phobiques » de l’administration Plante. C’est comme si améliorer la sécurité des piétons et faire plus de place aux vélos étaient une mesure contre les voitures.

C’est pourtant le contraire. Chaque personne à vélo est une voiture de moins sur la route et on peut mettre pas mal plus de cyclistes sur une piste cyclable que de voitures sur une rue. Les vélos enlèvent des voitures et j’en suis la preuve vivante (quoique je ne suis pas un gros échantillon, ne tirez pas de grandes conclusions de ça). Là où je suis d’accord avec M. Chartrand, c’est qu’il faut investir dans le transport en commun. C’est l’autre manière la plus efficace de réduire la congestion. Il ne faut pas punir les automobilistes, il faut leur offrir des options plus efficaces que la voiture. Malheureusement, nos politiciens qui tiennent les cordons de la bourse sont transport-collectif-phobiques.

Il y a une guerre aux déplacements et c’est la faute de tout le monde qui est au maudit contre les moyens de transport qu’ils n’utilisent pas.

Faites-moi signe si je suis trop montréalocentrise (mais ce que je dis est vrai partout, à différentes échelles).

CTV News et les fausses nouvelles

Je vous parlais la semaine passée de mon « aventure » avec Jean-François Caron, ce prof d’université au Kazakhstan qui a trafiqué un extrait de l’une de mes chroniques pour me faire dire l’inverse de ce que je dis. Sachez qu’il n’a toujours pas répondu à mon courriel, pas plus qu’il n’a retiré sa vidéo diffamatoire. Les Kazakhs doivent être effarés de réaliser qu’ils ont affaire à un chercheur aussi peu scrupuleux.

Ce qui m’a fait rire c’est que dans la même semaine, les conservateurs ont dénoncé, avec raison, un reportage de CTV News qui faisait dire à Pierre Poilievre ce qu’il ne disait pas.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Chris Dacey (@dacey_media)

Quelques jours plus tard, les responsables de cette bévue chez CTV ont été remerciés.

C’est là la différence d’avec les charlatans de l’information qui sévissent un peu partout. Lorsque mis devant une erreur de fait, les médias respectables la corrigent ou ils sanctionnent ceux qui ont voulu trafiquer la réalité. Les autres nous disent plutôt que la réalité est « une réalité » et que la liberté d’expression leur confère le droit de mentir. Un peu comme J. D. Vance au débat des colistiers des candidats à la présidence des États-Unis.

« Eille, vous aviez dit que j’aurais le droit de mentir. » Ça s’invente pas.

Les gens

J’ai apprécié le texte de Steve Proulx dans son infolettre, même si c’est un peu raide envers Mario Dumont. Mario est capable d’en prendre. Il n’a pas aimé que ce dernier dise que ses concurrents à la radio, contrairement à QUB, n’étaient pas proches des gens:

« En plus, « ces gens », vous les traitez avec condescendance. Pour vous, il en va de votre mission d’expliquer les choses dans des mots simples pour que « les gens » comprennent. Traitez-les de cons, un coup parti. Réécoutez-vous. C’est essentiellement ce que vous avez laissé entendre à Tout le monde en parle, vous, le millionnaire de l’élite médiatique qui cherche à se faire passer pour « un gars ben ordinaire ». Désolé de péter votre bulle, Monsieur Dumont, mais vous n’êtes pas plus « proche des gens » qu’un autre. »

Moi aussi, j’en ai contre ceux qui se réclament du peuple tout en jugeant que le peuple n'a pas la capacité de comprendre des choses complexes (à part le système de santé). Ces animateurs qui prétendent parler pour les gens, alors qu’ils n’ont aucunement la vie d’un travailleur ordinaire, ont une trop grande influence sur les débats publics. On essaie de nous faire croire qu’ils sont représentatifs et donc qu’il faut se plier à leurs idées.

Ces temps-ci, M. Dumont, mais surtout son collègue Benoît Dutrizac ragent sans arrêt à propos Montréal (comme moi un peu plus haut, mais avec des sacres et des insultes). Ce sont deux gars de banlieue qui se font porte-paroles des habitants d’une ville où ils ne vivent pas. On ne devrait pas les laisser définir ce qu’est l’opinion publique.

L’opinion publique, ce n’est pas non plus les pirates, comme l’a noté Paul St-Pierre-Plamondon.

C’est sûr que les politiciens et personnalités publiques accordent trop d’importance aux messages et commentaires qu’ils reçoivent. C'est souvent le fruit d'une minorité, c'est parfois le fruit d'une campagne d'influence.

J’aurais envie de vous dire qu’hormis de rares exceptions, ne croyez pas quelqu’un qui vous dit des choses comme « on a reçu plein de messages à ce sujet », « les gens m’écrivent pour me dire » ou « tout le monde que je croise me parle de ça ». D’accord, il y a sans doute des moments où ces personnes sont submergées de messages qui pourraient exprimer une tendance. Mais je sais que moi, quand je dis à la radio: « on a reçu beaucoup de messages de gens qui trouvent que tout le monde parle en même temps dans l’émission ». Dans la réalité, on a peut-être reçu sept messages de gens qui trouvent qu’on parle tous en même temps. Je m’en sers juste pour manipuler l’opinion publique et pour faire croire aux deux autres clowns que ça serait bon qu’ils se la ferment de temps en temps.

Dans le même genre, ce bout d’une chronique de Sophie Durocher m’a interloqué:

« Vous avez vu la photo de Dominique Michel, à côté de Cathy Gauthier, dans le compte Instagram de l’humoriste? Plusieurs lecteurs m’ont écrit pour me demander si c’était bien notre Dodo nationale qui apparaissait ainsi sans maquillage. »

Pourquoi les gens auraient écrit à Sophie Durocher pour lui demander si une photo publiée sur le compte Instagram de Cathy Gauthier était bien Dodo sans maquillage? Ça sonne pas mal plus comme si elle avait voulu parler du non-maquillage de Dominique Michel parce que c’est payant en matière de clics, mais voulait faire passer ça sur le dos de lecteurs. « C’est pas mon idée, c’est les gens qui m’ont demandé ça ». Peut-être aussi que je me trompe et que Sophie Durocher est reconnue pour son habileté à reconnaitre les vedettes sans maquillage et que c’est pour ça que les gens lui écrivent d’instinct. Mystère.

Une calotte MAGA au Québec

C’est comment de se promener avec une calotte Make America Great Again au Québec? URBANIA a tenté l’expérience. Je veux rien divulgâcher, mais les gens ici sont polis.

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Sous la calotte d’un MAGA québécois.

Musique

Cet été aux Francofolies, Lydia Képinski est montée sur scène avec les Trois Accords. Voilà qu’elle et Simon Proulx nous proposent une chanson…

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