La liberté d’être contre la liberté
Une semaine riche en émotions (c’est un euphémisme). Le vortex polaire est terminé et le vortex trumpiste ne fait que commencer. Difficile de ne pas être emporté (de s'emporter).
En bonus aux membres méga-premium, à la fin de cette édition, je vous parle du salut d’inspiration allemande d’Elon Musk et des réactions qu’il a suscitées, même de celle du gars du Bye bye.
Les jeunes de nos jours
Je vous parle ici de temps en temps des jeunes de nos jours, parce que j’en possède deux, mais aussi parce que je me dis que, chronologiquement parlant, les jeunes de nos jours sont les vieux de demain. Quelques nouvelles m’ont un peu inquiétées dernièrement à leur sujet. Depuis le temps que je dis qu’il faut s’intéresser aux tatas que les réseaux sociaux poussent à nos enfants, j’ai l’impression qu’on commence à voir les effets de ça. Hate to say I told you so, comme le chantaient les Hives.
D’abord, dans le cadre du colloque annuel de la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation (j’espère que leur table est moins grande que leur titre), GRIS-Montréal présentait une étude dont les résultats sont déprimants en estifi:
« Le niveau de malaise des jeunes face à l’homosexualité de leur meilleur ami a doublé. Entre 2017 et 2024, il est passé de 15,2 % à 33,8 % pour une amie lesbienne et de 24,7 % à 40,4 % pour un ami gai. L’intolérance est observable chez tous les groupes d’âge, peu importe leur genre, leur religion ou la région où se situe l’école. »
C’est surtout la tendance qui est inquiétante ici. Genre la tendance qui nous ramène à 1975. Il ne fait aucun doute pour moi que la quête insatiable de l’engagement sur les réseaux sociaux qui met de l’avant les propos les plus nauséabonds y est pour quelque chose.
Évidemment, pour les chantres de la liberté sans responsabilité, ce ne sont pas les homophobes le problème, mais ceux qui veulent shamer les homophobes.
Si on me dit trop d’être respectueux des autres, peut-être qu’un moment donné, je vais être gossé, mais pourquoi j’aurais le réflexe de devenir irrespectueux? Y'a des limites à l'esprit de contradiction.
C’est encore la rhétorique du miroir. Mon Dieu que ce doit être facile d’être un politicien populiste. Suffit juste de présenter tout à l’envers. Il y a du racisme? C’est parce qu’il y a trop d’antiracistes. Il y a des homophobes? C’est parce que les gais s’affichent trop. Et tant pis pour les spécialistes de la question qui disent que c’est lié à la montée des discours masculinistes sur les réseaux sociaux.
C’est anecdotique, mais dans l’univers des arénas que je fréquente 18 fois par semaine, déjà deux joueurs M-18 se sont fait suspendre pour avoir tenu des propos homophobes. Je n’avais jamais été témoin de ça avant. Aussi, dernièrement, dans le M-15, un joueur de l’équipe de mon fils s’est fait traiter de sale noir par un adversaire. Voyons sacrament! Des joueurs de Trois-Rivières se sont fait traiter de frogs à ville Saint-Laurent. C’est peut-être un adon, une confluence de l’intolérance due au hasard. C’est peut-être juste que le vortex polaire était finalement un vortex temporel. Ou c’est peut-être que les réseaux sociaux ont libéré une certaine parole?
Les wokes, les progressistes, la liberté d’expression
J’ai noté trois affaires dans mon carnet de notes cette semaine (j’ai pas de carnet de notes). Des réflexions que je me suis faites dans ma petite tête.
D’abord:
« Y’a tellement de monde qui nous dit que c’est la fin des wokes qu'ils vont arrêter de nous gosser jour et nuit avec quelque chose qui est gossant seulement deux ou trois fois par année. »
Mais ça me surprendrait qu’ils mettent de côté une telle vache à lait.
Autre chose:
« Traditionnellement, les conservateurs veulent préserver les institutions. Aujourd’hui, en tout cas aux États-Unis, on dirait que ce sont les progressistes qui veulent sauver les institutions. »
Le conservatisme se conserve mal par les temps qui courent.
Enfin:
« On vit dans un monde où les défenseurs de la liberté d’expression se battent pour avoir le droit de dire que les mesures liberticides sont géniales. »
C’est fou parce que c’est essentiellement ce qu’ils veulent avoir le droit de dire parmi les choses qui passaient moins bien avant. Laissez moi dire qu'il faut restreindre la liberté des femmes de faire ce qu’elles veulent avec leur corps, restreindre la liberté des personnes de s’identifier comme elles le veulent et restreindre la liberté de parole des scientifiques.
Je sais pas comment ça marche dans leurs têtes.
Plogues
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Bluesky
Je voulais vous parler en long et en large des politiciens qui ne veulent pas quitter X dans cette infolettre cette semaine. Mais après en avoir glissé un mot dans Olivier Niquet en jaquette et à La journée est encore jeune le même jour, mes collègues m’ont fait remarquer que je me répétais. Jean-Philippe a même évoqué Réjean Tremblay, parce qu’à l’époque du Sportnographe on riait du fait que Réjean disait la même affaire sur dix stations différentes dans la même journée, et cette même affaire consistait à dire ce qu’il avait écrit dans le journal.
Alors je ne vous dirai pas que les arguments des politiciens pour ne pas quitter X sont niaiseux. Je dis pas qu’ils devraient le faire ou pas, je dis que leurs arguments sont niaiseux.
Par contre, cette semaine, j’ai entendu Mario Dumont dire à QUB Radio que Bluesky était mort-né. Je veux juste que vous sachiez que c’est pas vrai. Je continue d’avoir plein de nouveaux abonnés chaque jour et la communauté est assez vivante. Bien sûr, ce n’est pas l’eldorado. Il y a aussi de la haine, des propos déplacés, des trolls etc. Mais la principale différence est que ce ne sont pas ces contenus qui sont poussés par les algorithmes… parce qu’il n’y a pas d’algorithmes. À ce sujet, ça vaut la peine de voir cette analyse d’une chercheuse sur le climat qui a constaté que l’algorithme de Threads réduisait la visibilité des publications liées aux changements climatiques.
C'est ça le problème de X. Pas autant la haine, mais la haine qui engendre la haine parce qu'elle est mise de l'avant.
Populiste mexicain
En fait, les algorithmes de X sont tellement malcommodes qu’ils poussent les populistes à faire des tweets qui donnent l’impression qu’ils détestent le peuple.
Du drôle de monde
Jean Bourbeau était à Washington le jour de l’investiture:
« À l’extérieur de l’aréna, la grande messe bat son plein. À l’angle de la 10ᵉ et de G Street, imitateurs, musiciens, médias internationaux, influenceurs, YouTubers et conservateurs de tous horizons se pressent, réunis sous la bannière de cette figure au teint orangé. Entre les pancartes gore contre l’avortement, des couples se trémoussent mollement sur YMCA des Village People, étrangement joyeux sous le poids d’une nouvelle oligarchie réactionnaire. »
Les transports du futur
Dans une entrevue à BLVD à Québec, le lieutenant politique de Pierre Poilievre, Pierre Paul-Hus, a expliqué pourquoi son parti n’allait « pas mettre une cenne » dans le tramway de Québec. C’est parce qu’ils attendent les moyens de transport du futur.
« On regarde dans nos secteurs, le tramway ce n’est d'aucune utilité, ce que les gens veulent c'est des systèmes de SRB ou d'autres systèmes de transport collectifs comme ça. Qu'on pense aussi au futur. On a des preuves d'automatisation des transports, il va y avoir, si on va dans 20 ans, imaginez-vous ce qu'on a vécu depuis 10 ans, imaginez-vous dans 20 ans comment le transport va être différent. Il va y avoir des systèmes d'autobus, des systèmes de transport qui vont être automatisés, qui vont être sur demande, il faut voir différemment. J'ai beaucoup vu ça avec des gens, des gens d'affaires aussi, qui me disent « Ah moi c'est quoi cette affaire-là, qui me disent, le tramway, c’est quoi cette affaire-là, ça va venir scrapper Québec, c'est complètement dépassé. » Il faut voir autrement, il faut voir de façon plus moderne. »
C’est pas fou ça. Qui nous dit que dans 20 ans, ils n’auront pas inventé quelque chose de mieux pour nous déplacer? Le hyperloop? Les voitures volantes? La téléportation? On serait nono d’investir tout de suite.
On a déjà des transports automatisés, mais c’est sûr qu’un moment donné, ça va être mieux. Si on pensait comme ça, on ne mènerait jamais de grands projets à terme. Ce qui est pas mal le cas, d’ailleurs…
Musique
C'est mon genre, les Lambrinis Girls!
⚑ PREMIUM: Le salut possiblement nazi d’Elon Musk
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