La mauvaise humeur face au moralisme gnangnan

Bienvenue sur Tourniquet, l’infolettre d’Olivier Niquet sur la bêtise médiatique et politicienne, l’urbanisme et M. Arrêt-Stop (en tout cas, pour cette fois-ci).

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Le gnangnan

Avant de retourner au boulot, je me suis mis en mode lecture d’essais pour essayer de donner un peu de substance à ce que je fais (et aussi pour avoir l’air intelligent devant vous). J’ai terminé « Panique à l’université » qui fait la part belle (ce n’est peut-être pas le bon qualificatif) aux figures réactionnaires qui se disent ostracisées tout en étant surexposées. D’ailleurs, on apprenait cette semaine que Mathieu Bock-Côté aura une émission quotidienne sur la nouvelle chaîne QUB Télé. Si mes calculs sont bons, avec tous ses engagements, il ne lui restera que l’intimité de la bolle de toilette pour prendre quelques secondes afin d’alimenter sa réflexion sur le monde moderne.

On m’a suggéré de lire Les déchirures d’Alex Gagnon. Ça tombait bien parce qu’il était justement dans une pile sur mon bureau. C’est un livre divisé en quatre essais dans lesquels M. Gagnon donne dans le « métadiscours », donc « un discours sur les discours ». Disons que ça me parle.

Le premier essai (le seul que j’ai lu pour l’instant) traite de la sémantique du « gnangnan » chez les chroniqueurs du Journal de Montréal.

Le moralisme «gnangnan», c’est la Chaire qui tape, avec ses phrases ampoulées, sur le mauvais fidèle, qu’elle humilie en dénonçant son ignorance. Et contre une humiliation, on se révolte, on se défoule. En pratiquant sur le lecteur l’art de la mauvaise humeur. Non pas avec des arguments, mais avec une «montée de lait», qui demande, dans l’emportement et l’impatience, à être proférée fougueusement plutôt que dite posément. Au Journal de Montréal, écraser le gnangnan est un geste libérateur. C’est scier les barreaux d’une cellule idéologique et libérer les médias du «terrorisme intellectuel d’une certaine gauche bourgeoise et bien-pensante», qui a l’intolérable habitude de «criminaliser le moindre écart». Comment fait-on, textuellement, pour crier? La typographie vient assez vite à notre secours: on utilise comme le fait occasionnellement Martineau la MAJUSCULE hors de son champ d’application réglementaire (noms propres, débuts de phrases, etc.), de façon à rendre certains mots plus bruyants que d’autres.

Les chroniqueurs, les animateurs et parfois les politiciens opposent au présumé politiquement correct, une émotion. C’EST DÉBILE!!! Et il importe peu que cette émotion soit basée sur des informations véridiques puisque tout ce qu’il faut, c’est que leur hypothèse soit vraisemblable:

Mais il s’agit d’une hypothèse de recherche, retenue pour sa probabilité, et non pas d’une relation démontrée, qui aurait franchi toutes les étapes d’une rigoureuse administration de la preuve et qui serait passée du vraisemblable au vrai. Mais qu’à cela ne tienne: chez Martineau, l’évidence a cette heureuse habitude de pouvoir se passer de la démonstration. Il suffit qu’elle soit vraisemblable pour que son public la tienne pour vraie.

C’est pourquoi ce genre de chroniqueur est si productif. C’est plus vite de chercher à avoir l’air vrai que de chercher la vérité. Suffit de se baser sur des impressions, ou sur le gros bon sens comme dirait Pierre Poilievre.

À ce sujet, j’ai écouté ce fabuleux segment de Jérôme Blanchet-Gravel à Radio X où l’on apprend qu’être beau est rendu de droite.

Le chroniqueur fabulateur y parle aussi du retour à l’école suite à la grève et nous offre sa perspective sur la chose:

Est-ce qu’on a l’impression depuis la pandémie qu’au Québec, on a un meilleur taux de productivité, qu’on est plus efficace, qu’on a fait ce qu’on appelle la rationalisation? Est-ce qu’on a cette impression-là? Est-ce qu’on a l’impression qu’on est plus performant, plus efficace au Québec depuis la pandémie? Moi, j’ai l’impression qu’il ne se passe rien. Prenez la route ce matin. C’est censé être la grande rentrée ce matin. Prenez votre auto. Est-ce qu’il y a tant de gens sur la route?

Jérôme Blanchet-Gravel nous explique à partir du Mexique où il vit que la productivité des Québécois ne s’est pas améliorée depuis la pandémie (il revient toujours à ça) parce qu’il a l’impression qu’il n’y a personne sur les routes un jour de rentrée. Les deux animateurs, tout aussi déconnectés parce qu’ils arrivent au travail à 4h, n’étaient pas trop au courant de l’état de la circulation. Mais tout ce beau monde part de ses impressions sur l’achalandage routier pour tirer des conclusions sur le niveau de productivité de la société québécoise.

Des fois, on part d’une anecdote pour en tirer des conclusions vraisemblables, d’autres fois on part carrément d’histoires inventées. C’est aussi ce qu’a fait Frank le Dédômiseur avec ce tweet:

Il reprend une vieille fausse nouvelle de 2019 pour donner l’impression que nous vivons dans un monde trop woke. À la limite, ça peut arriver à tout le monde de partager une fausse nouvelle par mégarde. Mais ici, plus de quatre jours plus tard et même si X l’a averti que c’était de la bullshit, ce cher Frank a décidé de laisser sa publication en ligne. Quand la mésinformation n’est pas corrigée, elle devient désinformation.

Rebel News

Autre grosse nouvelle dans le milieu du charlatanisme médiatique alors que Rebel News fait tout un esclandre suite à l’arrestation de son « journaliste » pour avoir été un peu trop insistant devant Chrystia Freeland.

Pierre Poilievre a décidé d’appuyer Rebel News.

Visiblement, M. Poilievre y a vu une belle occasion de récolter des adresses de courriel.

Or les conservateurs eux-mêmes ont déjà fait arrêter cet activiste auparavant. Je dis activiste parce qu’il est clair que le gars ne veut que foutre le bordel, comme ses émules des franges médiatiques de chez nous.

L’ancien animateur de radio Dean Blundell explique que c’est le modus operandi de David Menzies et de Rebel News. Le parcours de M. Blundell n’est pas particulièrement glorieux, mais son analyse dans ce cas-ci est intéressante. Menzies s’est fait arrêter une douzaine de fois, et chacune de ces arrestations a mené à des campagnes de sociofinancement pour « sauver Menzies de la tyrannie ». Rebel News veut tout simplement faire de l’argent.

Ceci est un exemple parfait du fléau de la désinformation/mésinformation qui divise davantage les Canadiens tout en embarrassant intentionnellement le Canada sur la scène mondiale. C’est simplement une autre opération de la part d’acteurs de mauvaise foi qui privent les Canadiens d’informations de bonne foi avec des absurdités toxiques destinées à enrichir Ezra Levant. Dans le même temps, l’homme qui aspire à devenir premier ministre propage des mensonges empoisonnés qu’il sait être faux.

Jeff Fillion joue dans le même jeu et va une coche plus loin. Suite à cette arrestation, il a demandé aux États-Unis d’envahir le Canada.

Bref, c’est un peu comme ça que fonctionne l’industrie de l’indignation. On fait de la marde, les médias « alternatifs » la pitchent dans le ventilateur, certains politiciens embarquent dans le jeu et les médias grand public n’ont pas le choix d’en parler.

Les personnages les moins wokes de la télé québécoise

Très amusante liste compilée par Urbania de nos personnages de fiction les moins wokes de l’histoire. Je note que M. Arrêt-Stop du Village de Nathalie était très réac:

Cet énergumène surréaliste avait comme plan diabolique d’élever une génération de jeunes conformistes sans esprit critique. Au fond, M. Arrêt-Stop, c’était comme un mélange de François Bonnardel et Jeff Fillion. Même les personnages de sa propre émission ne le prenaient pas au sérieux.

Bonnardel et Fillion. Ouf.

Plogues

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Denis Coderre comme chef du PLQ?

La Presse nous apprenait mercredi que Denis Coderre songe à se présenter pour devenir chef du PLQ, un titre qui n’intéresse personne. Il n’a parlé qu’à CKVL où il est chroniqueur et a confirmé son intérêt (et son absence d’humilité):

Je vais être clair. Un, est-ce que j’y pense? Oui. Est-ce que c’est sérieux? Oui. Est-ce que j’ai la qualité des défauts? Ne vous inquiétez pas, je sais faire la distinction entre le chant des sirènes et la réalité. Est-ce que je suis controversé? Au coton. Est-ce que je suis connu? Je cherche encore le 5% qui ne me connaît pas.

Personnellement, pour l’avoir beaucoup écouté à BPM Sports, je n’ai pas trop été impressionné par ses commentaires qui revenaient souvent à nommer toutes les personnes qu’il connaît (le gars a donné son livre au Pape, tsé) et à être amer de sa défaite électorale.

En septembre dernier, suite à la mort de son père, il avait publié une photo sur Facebook de celui-ci dans son linceul, ce qui avait fait beaucoup réagir. En entrevue à la radio, il avait dit: je m’en câlisse des réseaux sociaux. Je suppose qu’il adaptera son langage s’il se présente effectivement à la chefferie. Déjà, parlant de réseaux sociaux, il a effacé tous ses messages… et bloqué au moins un journaliste. Ça ressemble aux techniques du PCQ.

Cela dit, il semble assez bien rétabli de son AVC et c’est une bonne nouvelle.

Connaissez-vous les Mérovingiens?

Les influenceurs conspirationnistes pensent qu’on essaie de cacher à la population l’histoire des Rois mérovingiens. Eh ben!

Reste à savoir pourquoi on voudrait nous cacher ça, mais je n’ai pas eu le courage de regarder leur vidéo au complet.

Où est l’Ukraine

Cette carte du Téléjournal me semble imprécise.

Musique

Le club Soly ne reviendra pas à l’antenne, mais il nous aura laissé cette belle chanson pour la postérité.

Citations

🔈 Jérôme Blanchet-Gravel, troublé par l’idée qu’être beau soit de droite

Mais est-ce que vous vous rendez compte qu’être beau, c’est presque devenu de droite? Non, non, mais c’est quasiment ça la logique. Le wokisme aux États-Unis parle de « pretty privilege », c’est-à-dire le privilège d’être beau. Donc, si vous êtes belle et rayonnante, vous êtes probablement une conservatrice qui va voter Trump. On n’est pas tout à fait là. Mais la logique, c’est presque celle-là. C’est assez incroyable. Donc, cette dévalorisation de la beauté, si je peux dire, s’inscrit dans une sorte d’égalitarisme radical, où il faut absolument éradiquer ceux qui se démarquent sur le plan corporel. C’est assez troublant.

🔈 Jérôme Blanchet-Gravel, qui pense que les leggings permettent à l’humain de s’élever

– Tsé dans cette espèce de philosophie qu’ont les compagnies de vouloir tellement bien faire et de ne pas choquer personne, il se trouve qu’ils ne vendent plus de leggings. – Ben oui, quand on parle d’une société post-héroïque, c’est-à-dire une société où il n’y a plus de modèle exactement, où enfin le modèle à suivre, c’est plutôt celui d’une certaine médiocrité. – Puis on ne se bat pas contre le naturel de l’être humain. – Oui, effectivement, il y a chez l’humain cette, enfin j’espère, cette espèce de volonté de s’élever qu’on retrouve de moins en moins.

🔈 Alain Chantelois, à propos des culottes d’Eugenie Bouchard

Il a été obligé de sortir Mason Rudolph, peut-être des culottes d’Eugenie Bouchard, parce qu’ils ont été un couple pendant au moins 15, 18 mois. Et depuis qu’ils se sont laissés, et là il est revenu et regarde, il a conduit les Steelers dans les séries éliminatoires.