La Noce, Proton, et la fragilité de la droite pirate
Je reviens de La noce. Pas d’un mariage (ça n’existe plus, je pense, les mariages) mais du festival La noce à Saguenay. Une fin de semaine extraordinaire où j’ai rencontré plein de bon monde, mangé du bon manger et entendu de l’excellente musique. Mention spéciale à La sécurité, Choses Sauvages, Ariane Roy et P’tit Bélliveau. C’est sûr que j’y retourne l’an prochain. Il va juste falloir que je me trouve une casquette Ciele pour être comme tout le monde.
Il y a une nouvelle édition de l’infolettre pour ceux qui sont abonnés à la version payante où je vous raconte la fois où j’ai été invité à la fête de Kim Lizotte.
Vous pouvez aussi lire mon dernier billet du Sportnographe sur la décision de la LNH de bannir les soirées avec le chandail arc-en-ciel:
#dilemme cornélien
Ça bouillonne beaucoup dans le monde des médias et des réseaux sociaux par les temps qui courent. Il y a Google et Facebook qui font la guerre au gouvernement fédéral suite au projet de loi C-18 qui veut que les GAFA paient des redevances aux médias de qui ils reprennent les contenus.
Plusieurs paliers de gouvernements, médias et entreprises ont décidé de boycotter les publicités sur Facebook en guise de protestation. Ça m’a un peu pris au dépourvu parce que j’avais récemment, pour la première fois, acheté de la pub sur Facebook. De la pub pour cette infolettre. Oui papa! Parce pour m’affranchir de ces réseaux, encore faut-il que les personnes qui veulent me suivre sachent que cette infolettre existe. J’ai donc investi de l’argent pour que les abonnés de la page de La journée (est encore jeune) soient mis au courant de son existence. Et ça fonctionnait très bien.
Quand tout le monde (au Québec, parce que le boycottage ne lève pas trop dans le reste du Canada) a décidé d’arrêter de donner de l’argent à Facebook, j’ai emboîté le pas. Ma solution pour être moins dépendant de Facebook faisait que je n’étais pas solidaire des médias qui se font avoir par Facebook. Un dilemme cornélien. Devrais-je donner un peu d’argent à Facebook dans le but de les planter là après? J’y réfléchis encore.
D’ailleurs, il y a un très bon texte expliquant pourquoi C-18 vous concerne sur le site d’URBANIA.
#GAFA
Quant à Google, j’ai pris la décision il y a quelques semaines de transférer mes courriels de Gmail vers Proton. Proton a démarré grâce à une campagne de sociofinancement, les courriels sont chiffrés, c’est un logiciel à code libre, la compagnie est installée en Suisse et c’est l’initiative de scientifiques du CERN. Ils offrent aussi un service de VPN. Ce n’est pas gratuit, mais c’est un bon investissement. Comme j’utilise mon propre nom de domaine, je pourrais changer de fournisseur sans avoir à changer d’adresse de courriel. Ça m’a fait du bien d’en parler.
Je trouve quand même qu’il y a quelque chose de bon autour des dérapages des géants du numérique. Ça ouvrira peut-être les yeux à certaines personnes. J’espère. Parce que comme le disait l’un de nos grands poètes, beaucoup de monde s’en sacre:
Mais au fond on s’en balance
Mets une belle photo de toi
On veut voir tes gros lolos
Partage-la commente-la
Et on rit et on rit
Tout est ridicule ici
C’est notre génération
C’est notre génération
Arrêtons de nous en balancer et tant pis pour les gros lolos.
#threads
Il y a aussi Meta qui a lancé Threads pour concurrencer Twitter qui est en perdition. D’ailleurs, Elon Musk et Mark Zuckerberg se sont lancé le défi d’un combat dans un ring qui s’est transformé en concours de la plus grosse graine. Des gens avec beaucoup de jugement.
Je me suis bien sûr lancé sur Threads. Un autre endroit où publier des contenus après Twitter, Facebook et Mastodon. C’est assez minimaliste pour l’instant et on dirait que le produit n’est pas tout à fait terminé. Ce qui a incité plusieurs personnes à embrasser Threads, c’est le délitement de Twitter. Sur Twitter, plus moyen de publier quoi que ce soit sans qu’un pirate (et son petit crochet bleu) vous aborde avec une insulte. Dans ce balado du New York Times, le journaliste appelle « reply guys » ces trolls de droite qui raisonnent comme des jambons. Ils répondent à tout, peu importe le sujet.
Le professeur Seth Abramson explique bien le cul-de-sac de ces crinqués de la droite:
«Avant que Musk n'achète Twitter, Twitter avait un parti pris algorithmique d'extrême droite. Il était biaisé envers les personnes, les organisations et les messages d'extrême droite. Ce n’est pas une opinion; c'est ce que les données montraient. Les données étaient si claires que Twitter a dû admettre que c’était vrai. [...] Le problème pour Twitter, cependant, était que malgré tout [...], les utilisateurs d'extrême droite de Twitter n'avaient pas l'impression que c’était le cas à cause de leurs Big Important Feelings. [...] Ce qu'ils ont découvert, c'est que les médias d'extrême droite gagnent le plus d'argent, attirent le plus d'attention et acquièrent le plus d'influence lorsqu'ils disent aux conservateurs qu'ils sont des victimes. »
Ces « victimes » se sont donc enfuies vers toutes sortes de « safe spaces » conservateurs où ils allaient pouvoir se faire aller la liberté d’expression, mais où seuls ceux qui pensent comme eux ont droit de parole. Au fil du temps toutefois, ils se sont rendu compte que c’était plate en maudit de ne rester qu’entre eux et que c’était pas mal plus compliqué de jouer à la victime. Comme ils se définissent par leur impression d’être victimes des progressistes, ils vivaient une sorte de crise existentielle. C’est là qu’Elon Musk est arrivé pour les ramener vers Twitter. Maintenant, ce sont les progressistes (ou juste les gens au centre qui sont aussi bombardés de commentaires violents) qui veulent partir et Threads leur offre cette option. Je suppose que les pirates investiront aussi Threads lorsqu’ils ne trouveront plus personne à envoyer promener.
#contrarianisme
Dans le New York Times (encore), Paul Krugman présente le concept du « contrarianisme » (de l’anticonformisme bébé la-la mettons) qui fait pourrir le cerveau et qui atteint les « tech bros » comme Musk.
« Les bros de la technologie semblent être particulièrement sensibles au contrarianisme qui pourrit le cerveau. Leur succès financier les convainc trop souvent qu'ils sont particulièrement brillants, capables de maîtriser instantanément n'importe quel sujet, sans avoir besoin de consulter des personnes qui ont réellement travaillé dur pour comprendre les enjeux. Et dans de nombreux cas, ils sont devenus riches en défiant la sagesse conventionnelle, ce qui les prédispose à croire qu'une telle défiance est justifiée à tous les niveaux. »
Des gens qui se croient tellement brillants parce qu’ils ont fait beaucoup d’argent qu’ils se pensent au-dessus du gros bon sens. Malheureusement, leurs disciples, même s’ils n’ont pas les mêmes moyens financiers, pensent de la même façon.
#INCROYABLE!!!
Wikipédia a une page (en anglais) qui recense les endroits qui ont des appellations étonnantes. Mon préféré est le village de Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch. C’est au Royaume-Uni et je songe à aller y passer mes vacances.
Par contre, le nom de lieu le plus long revient à Taumatawhakatangihangakoauauotamateaturipukakapikimaungahoronukupokaiwhenuakitanatahu en Nouvelle-Zélande. C’est mignon.
#musique
À La noce, je suis allé voir le concert de Marie Céleste, un groupe d’Alma qui a participé aux dernières Francouvertes. Un des membres du groupe est Simon Duchesne du duo Tyler et Simon qui ont fait quelques chroniques à La journée. C’est très beau.
#citations
🐦 Jérôme Blanchet-Gravel, complotiste des feux d’artifices
On croirait presque que la culture de l’annulation appliquée aux feux d’artifice relève d’un agenda coordonné.
#plogues
- Mon billet pour L’actualité: La théorie, genre
Discussion