La prudence, le Bluetooth et les paniers d'épicerie

La prudence, le Bluetooth et les paniers d'épicerie

Ça brasse dans le milieu du camionnage. J'ai suivi de loin cette fin de semaine les manifestations à Ottawa. C'est le genre de chose autour de laquelle il est difficile de se prononcer avec certitude. J'ai de la difficulté à évaluer l'ampleur du mouvement. Autant certains en font la promotion de façon exagérée, donnant l'impression qu'il s'agit là d'astroturfing, autant l'exaspération de la population en général semble être réelle.

Je ne suis pas de nature à me décourager face aux mesures sanitaires. C'est une question de personnalité et de contexte familial. Je vis confortablement dans une bulle familiale harmonieuse. Je sais que ce n'est pas le cas pour tout le monde. Comme plusieurs, j'ai l'impression qu'avec la protection des vaccins, nous en sommes peut-être à un point où nous pouvons nous permettre de relâcher les mesures.

Malheureusement, ce genre de réflexion se bute toujours à la capacité hospitalière. Comme ceux qui pourfendent les mesures sanitaires depuis le début, je n'ai pas d'option à proposer pour pallier à cette situation. Rien d'autre qu'une longue refonte du système de santé. Ou une réingénierie? Ah non, une refondation! Même si je n'ai pas particulièrement peur de la COVID, je fais toujours confiance aux responsables de la santé publique.

L'épisode du balado The Daily du New York Times à ce sujet vaut la peine d'être écouté. On y dit que nous sommes à un point où les gens qui ont peur du virus sont ceux qui ne devraient pas avoir peur puisqu'ils sont adéquatement vaccinés. Ceux qui en ont le moins peur sont ceux qui ne sont pas vaccinés. Le juste milieu n'est pas encore atteint. Dans la deuxième partie, le Dr. Fauci y va de cette déclaration: "Les prudents sont très prudents parce que les non prudents ne le sont pas. Et les imprudents n’apprécient pas la prudence des prudents”. Ça va bien.

Bluetooth

L'insouciance de ces personnes sans peur et sans reproche les mène à commettre des gestes idiots qui méritent d'être dénoncés. Je pense que l’on peut se moquer des dérapages des manifestants d'Ottawa sans dire que tout le mouvement est bon à jeter aux poubelles. Mais la confiance de certains est parfois comique. Je n'en reviens toujours pas de ce témoignage:

Un tweet que j'ai partagé et qui m'a valu des commentaires tout aussi loufoques.

Mais tout d'un coup, certains sont indignés qu'on se moque de ce convoi. Jérôme Blanchet-Gravel entre autres.

C'est le même Jérôme Blanchet-Gravel qui il y a à peine quelques mois se moquait des "Ginette et des Gaétan de Terrebonne" qui ont peur de la COVID. C’est une sorte de populisme à deux vitesses. Je note d'ailleurs que les animateurs et chroniqueurs de Radio X trouvent le peuple de plus en plus con. Dominic Maurais s'est fâché deux fois la semaine dernière. Contre ses auditeurs qui évoquent le nazisme et contre ceux qui ont un QI très bas.

Les paniers d’épicerie

Par ailleurs, je me suis intéressé cette semaine à un concept qui m'avait échappé, moi qui suit pourtant un grand passionné d'épicerie: le test du panier d'épicerie. C'est Charles-Alexandre Théôret qui m'a mis sur la piste après avoir vu ce mémé de L'actualité en mèmes.

Selon certains, le test du panier d’épicerie est le test ultime pour savoir si quelqu’un est capable de s’autogérer. Parce que de ramener son panier dans l’espace désigné, c’est quelque chose de simple, de rapide, et tout le monde sait que c’est la chose à faire. Par contre, il n’y a rien d’illégal à juste laisser votre panier dans le milieu du parking comme un sans-dessein d’Ostrogoth. C’est donc l’exemple parfait pour voir si quelqu’un fera quelque chose de bien même s’il n’est pas obligé, ou s’il est un sauvage égocentrique et paresseux qui mérite la mort.

C’est le fruit de seulement quelques mottés (j'essaie de populariser l'expression) qui font dérailler tout le système. C’est à cause d’eux que c’est l’anarchie dans nos racks à paniers. Et ça, c’est une métaphore de la société en général. Comme l’a déjà dit George Washington en revenant de chez Steinberg: "Un pouvoir arbitraire est très facilement établi sur les ruines d'une liberté malmenée par le désordre". C’est vers ça que l’on se dirige.

S'il vous reste du temps...

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