La théorie de la fosse d’orchestre

Au menu cette semaine: Mon livre dans le documentaire de Céline, Montréal et Hartford, même affaire, la rigueur kazakhe, la théorie de la fosse d'orchestre, les cyclistes qui ne paient pas d'impôt et une mise à jour sur comment je travaille.

Je suis un peu moins assidu sur l’infolettre réservée aux abonnés payants depuis une couple de semaines parce que je travaille fort sur la migration de tous mes sites vers cette plateforme-ci (Pierre-Karl Péladeau appellerait ça de la convergence ou de la synergie). Et aussi parce que c’est les vacances, tsé. Je vous reviendrai dans quelques semaines avec une relance officielle. En attendant, j’ai fait quelques publications dans l’infolettre du Sportnographe:

La coupe aux Panthères du Québec

Connor McDavid, lui, a boudé son Conn-Smythe. Des sources mal informées nous rapportent qu’il ne s’est pas présenté sur la glace afin d’éviter de devoir faire une entrevue avec Renaud Lavoie.

TourniquetOlivier Niquet

Repêchage simulé 2024 (moque draft): la liste finale du Sportnographe

Voici enfin le « moque » draft du Sportnographe. Notez que nous n’avons vu patiner aucun des espoirs en lice, mais avons écouté pas moins de 12 307 débats d’experts (qui ne les ont probablement pas vus jouer non plus), donc nous savons presque de quoi nous parlons.

TourniquetOlivier Niquet

Céline

J’ai eu toute une surprise cette semaine. On m’a fait remarquer que dans ce « reel » d’un extrait du documentaire de Céline Dion, on pouvait apercevoir mon livre Les rois du silence sur la table. WTF (quossé ça) que je me suis dit. Des mots qui sonnent et résonnent encore dans ma tête.

Est-ce que Céline a lu mon livre? Est-il disponible chez tous les bons libraires de Vegas? Y a-t-il des libraires à Vegas, d’ailleurs? Est-ce que c’est à quelqu’un de son entourage? Est-ce que c’est quelqu’un de l’équipe technique qui l’a oublié là? Est-ce qu’ils trouvaient que le livre fittait bien avec la couleur des fleurs à côté? C’est un élément de décor? Est-ce qu’elle écoute La journée est encore jeune tous les jours en cachette? Est-ce que René-Charles est introverti? Ou gêné comme l'a proposé ce cher Jeannot?

Je n’ai toujours pas élucidé le mystère et je n’ose pas écrire un DM à Céline pour lui demander. En tout cas, elle ne me semble pas trop introvertie. C’est rare les introvertis qui commencent à chanter au milieu d’une phrase. J’aimerais bien regarder son documentaire pour essayer de comprendre le contexte, mais je ne suis pas abonné à Amazon Prime…

Je me suis ensuite demandé si je ne faisais pas une blague taquine à son endroit dans le livre et ce n’est pas le cas (fiou). Elle a toutefois inspiré un titre de chapitre, le troisième, où il est question des idées qui se bousculent dans mon cerveau et m’empêchent de bien formuler ma pensée: « Je danse dans ma tête ».

J’étais tellement surpris de me retrouver là que je n’avais pas trop écouté ce qu’elle racontait dans la clip. On peut l’entendre dire qu’elle avait fait le tour du monde, mais pas vu grand-chose dudit monde. Il y a beaucoup d’avantages à être Céline, mais des fois ça doit être de la marde aussi. Bref, j’espère que la présence de mon livre dans ce documentaire titillera Oprah qui pourrait l’ajouter à son book club, ou bien une maison d’édition américaine. J’ai toujours rêvé d’être invité chez Jimmy Fallon. Ça doit être pas mal comme aller à Bonsoir bonsoir.

L'infolettre hebdomadaire d'Olivier Niquet

Un observatoire de la bêtise

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Hacks

Parlant de Las Vegas, j’aime bien la série Hacks sur cette ancienne gloire de l’humour qui s’adjoint une jeune autrice pour essayer de revenir dans le coup. Au début de la troisième saison, les protagonistes viennent à Montréal pour le (feu) festival Juste pour rire. Dans sa chambre, l’humoriste y va de cette phrase assassine:

« Montréal, it’s Paris to the ears, but Hartford to the eyes »

« Montréal, c’est Paris pour les oreilles, mais Hartford pour les yeux ». Je suis un grand défenseur de Montréal et je trouve ça assez ironique venant d’un personnage qui habite une ville en papier mâché (Vegas), mais j’ai ri à voix haute. Et c’est pas mon genre de rire à voix haute. Bref, une bonne ligne!

Rigueur kazakhe

Des fois je tombe sur des petits trucs qui sont des exemples typiques d’un certain monde parallèle de l’opinion publique. C’est le cas de ce tweet de Jean-François Caron, professeur québécois s’étant exilé au Kazakhstan.

Tu es prof d’université et tu donnes de l'importance aux statistiques du compte Twitter d’une station de radio pour prouver qu’une émission n’est pas digne d’intérêt. C’est tellement, tellement loin de la méthode scientifique que s’en est risible. L’émission de Patrick est peut-être parmi les dix plus écoutée à Montréal, mais il s’accroche là-dessus pour essayer d’enlever de la légitimité aux médias. Et il y a du monde qui embarque là-dedans. Plein de ses petits amis font la même chose: « Regardez, cette publication de TVA a moins de visibilité que mon tweet incendiaire et idiot. » Justement!

C’est même pas l’économie, stupide

C’est un monde où on se fout de ce qui se dit, pourvu que beaucoup de gens y portent attention. Jeudi, Donald Trump et Joe Biden débattront (débattaient), ce qui a amené Charlie Sykes, auteur de How the Right Lost its Mind, a nous rappeler les propos de Roger Ailes, l’homme derrière les débuts de Fox News qui disait en 1988:

Roger Ailes: Soyons réalistes, il y a trois choses qui intéressent les médias: les images, les erreurs et les attaques. C’est le seul moyen sûr d’obtenir une couverture médiatique. Vous essayez d’éviter autant d’erreurs que possible. Vous essayez de leur donner autant d’images que possible. Et si vous avez besoin de couverture, vous attaquez, et vous obtiendrez une couverture. C’est ma théorie de la fosse d’orchestre en politique. Vous avez deux gars sur scène et l’un dit, « J’ai une solution au problème du Moyen-Orient », et l’autre tombe dans la fosse d’orchestre, qui pensez-vous sera aux infos du soir ? « Une chose que vous ne voulez pas faire est de trop vous engager dans une nouvelle vision pour l’Amérique parce que la prochaine chose qui se produit est que les médias se précipitent vers le côté républicain et disent, “Dites-moi pourquoi vous pensez que c’est une idée idiote.” »
Judy Woodruff: Donc, vous dites que l’idée d’un candidat disant, « Je veux me présenter à la présidence parce que je veux faire quelque chose pour ce pays », est folle.
Roger Ailes: Suicidaire.

Mourir pour des idées d’accord, mais en tombant dans la fosse de l’orchestre, si possible.

Urbanisme et environnement

Je suis désolé de revenir encore sur des questions d’urbanisme et d’environnement, mais je trouve que nous sommes à une sorte de point de bascule de ce côté. Comme j’en ai souvent parlé, les défenseurs des libertés individuelles se servent de l’adaptation aux changements climatiques pour faire avancer l’agenda égomaniaque du « j’ai l’doua ». Pourtant, leur liberté est peut-être factice. Dans La Presse, il était question d’étalement urbain cette semaine:

« Le professeur David Gordon est sensible à l’argument de la liberté individuelle. « Je m’inquiète, car mes recherches sont souvent utilisées par la droite libertarienne pour dire : “Voyez, tout le monde aime la banlieue, on devrait simplement en construire davantage, cessez de vous en faire avec ces trucs d’urbanisme.” » Mais selon lui, cet argument est incomplet. La croissance exponentielle des banlieues ne reflète pas uniquement une préférence des consommateurs, dit-il. « Elle découle aussi d’un choix du gouvernement. Il y a plein de subventions, d’aménagements, qui facilitent l’utilisation de la voiture et rendent plus difficiles les transports en commun. »

Ce n’est donc pas nécessairement par choix que les gens s’installent en banlieue, mais parce que c’est là que le gouvernement et les planificateurs urbains les ont dirigés. Il n’est pas question de forcer les gens à habiter en ville, il est question de rendre la ville aussi attrayante que la banlieue. D’ailleurs, alors que la CAQ mise beaucoup sur la transition énergétique (et avec raison), ils investissent aussi dans les infrastructures routières « au cas où » pour la sécurité économique. C’est complètement contradictoire.

Parlant de contradiction, Nathalie Elgrably des HEC pense avoir trouvé une faille dans la rhétorique des changements climatiques.

On a affaire ici à une autre prof (pardon, maître d’enseignement) qui met de côté la rigueur scientifique. Évidemment, elle n’allait pas mettre le lien vers l’article. Tout d’un coup les gens le lisaient et réalisaient que c’est totalement cohérent. Certains polluants causent un refroidissement, d’autres un réchauffement, mais ça reste des polluants toxiques.

« Mais les chercheurs s’inquiètent que le nettoyage de la pollution de l’air sans arrêter l’utilisation des combustibles fossiles - comme c’est le cas, par exemple, en Chine - pourrait être une recette pour un réchauffement encore plus important et plus rapide. « Nous devons nous assurer que nous le faisons en même temps que nous nettoyons le méthane et le CO2 », a déclaré Diamond. Réduire les émissions de méthane, a-t-il noté, pourrait aider à compenser les effets de la diminution des aérosols. Le méthane a un effet de réchauffement, mais comme les aérosols, il ne reste pas très longtemps dans l’atmosphère. »

Mme Elgrably a aussi relayé une fausse nouvelle tirée d’un site bidon sur la présumée fortune de Greta Thunberg:

En plus d’être maître d’enseignement aux HEC et chroniqueuse au Journal de Montréal, Mme Elgrably est membre du conseil d’administration de TVA. Ayoye.

Joanne Marcotte, elle, est tellement rendue loin dans ses raisonnements simplistes qu’elle suppose que les cyclistes ne paient pas d’impôt.

Elle réagissait à l’article de Vincent Brousseau-Pouliot au sujet du coût social des moyens de transport. Voilà un tweet qui a obtenu énormément de visibilité (188 000 affichages), ce qui serait un critère d’excellence selon le prof Caron, et ce malgré son raisonnement complètement fallacieux…

Le problème, c’est que tous les jours il y a des nouvelles sur lesquelles ces gens peuvent faire du millage. C’est tellement facile de s’insurger contre la taxe flatulence ou la pollution des feux d’artifice. Ils seraient fous de s’en passer.

Le business de l'infidélité

Le business du mensonge est payant. Même en amour, comme en fait foi cet article sur le business de l’infidélité:

L’infidélité vue par un détective privé - URBANIA

…puis expliquée par un thérapeute de couple.

URBANIABenoît Lelièvre

À ce sujet, le documentaire de Netflix sur Ashley Madison est un autre bel exemple de cette réalité.

Comment je travaille

Il y a trois ans (voyons, ça fait donc bien longtemps qu’elle existe cette infolettre), j’avais expliqué quels outils j’utilisais pour travailler. Essayer de nouvelles applications est une passion pour moi. Ça fait que je suis toujours en train de changer d’outil, de plateforme ou de serveur. Ça m’amuse (sauf des fois quand je rencontre des bogues qui m’occupent pendant une journée complète).

Depuis quelques mois, j’utilisais Drafts pour regrouper toutes les informations que je récolte un peu partout. J’utilise beaucoup la feuille de partage d’iOS sur mon iPhone ou mon iPad. Drafts est très pratique pour ça puisque je peux sélectionner un bout de texte et l’application va me le mettre en forme pour que je n’aie qu’à le copier dans Tourniquet Express. Son principal défaut était la synchronisation. Pour être certain que mes extraits choisis soient bien envoyés dans « le nuage », je devais ouvrir constamment l’application pour la forcer à se synchroniser. En fin de semaine, j’ai réessayé l’application d’écriture Ulysses. Je l’avais abandonnée lorsqu’ils étaient passés au modèle d’abonnement. Sauf qu’Ulysses me permet les mêmes mises en forme que Drafts, mais la synchronisation se fait automatiquement. C’est merveilleux. En plus, je peux publier des contenus sur Ghost, la plateforme de cette infolettre, directement à partir d’Ulysses. C’est comme un miracle. Ça fait chier les abonnements, mais là, pas le choix.

Sinon, pour les listes, je suis revenu pour la 12e fois à Todoist après avoir essayé plein d’autres choses. C’est celle qui répond le mieux à mes besoins: classement en colonne, synchronisation efficace et comptabilité avec la Apple Watch. Dans la catégorie « application à laquelle je reviens toujours », il y a aussi le navigateur Firefox. J’ai utilisé pendant quelques mois Arc qui offre vraiment des innovations intéressantes, mais qui a aussi des lacunes. Le navigateur parfait n'existe pas. J’utilise aussi divers outils pour faire le verbatim des clips audio que je ramasse. Audio Hi-Jack qui me sert à enregistrer certains contenus fait maintenant aussi les transcriptions, ce qui est assez pratique. Une pierre deux coups. Par contre, je viens de découvrir cette version de l’intelligence artificielle Whisper qui est mauditement plus fidèle à l’audio original. Va falloir que je teste ça…

Ça m’a fait du bien d’en parler.

Musique

Indochine existe encore et ça reste assez bien.