La vérification de faits est-elle totalitaire?
Bienvenue sur Tourniquet, l’infolettre d’Olivier Niquet sur la bêtise médiatique et politicienne, l’urbanisme et les générations de paresseux (en tout cas, pour cette fois-ci).
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Chicoutimi
Je suis revenu du Saguenay où j’ai rencontré plusieurs échevins (j’aime ça dire ça), urbanistes et travailleurs de la santé qui espèrent qu’en se parlant, ils pourront faire en sorte qu’on associe davantage santé et aménagement urbain. Faire aussi en sorte que l’on comprenne que si on pense nos villes pour qu’elles soient plus propices à la marche, plus recouvertes de verdure, et qu’on les « lâche avec les GES », et bien c’est le système de santé et l’économie qui vont en bénéficier. Vivre plus longtemps avec plus d’argent dans nos poches, qui dit mieux? Le genre de discussion qui rend optimiste.
La vérification de faits et wokisme
Je suis revenu sur terre en même temps que Mathieu Bock-Côté qui a enfin mérité une critique dans La Presse. Il se plaignait que seules les plateformes de TVA avaient parlé de son livre et on réalise maintenant que c’est peut-être mieux pour lui. Isabelle Hachey a fait le tour du livre et trouvé cinq exemples d’anecdotes citées par Mathieu Bock-Côté en évacuant complètement leur contexte ou en les manipulant, de façon à aller dans le sens de sa thèse.
« Pour la soutenir, l’auteur multiplie les exemples censés illustrer les excès du totalitarisme sans goulag. Mises bout à bout, ces histoires forment effectivement un sombre tableau du péril woke qui guetterait le monde occidental. Mais voilà, plusieurs des exemples soumis dans le livre résistent mal à une simple vérification des faits. »
Je crois qu’elle a eu la puce à l’oreille suite à un tweet d’André Pratte (je ne pensais pas un jour que j’allais citer André Pratte positivement).
La source citée par l’auteur pour cet incident survenu à Vancouver est un article du quotidien français Le Figaro. Le titre de cet article est clair : «Au Canada, un père condamné pour n’avoir pas accepté la transition de sa fille.» Cependant, une recherche dans les médias canadiens révèle une situation fort différente.
Elle a laissé le soin à M. Bock-Côté de se défendre, mais il a aussi tenu à répliquer dans son journal. Une réplique pas très convaincante pour quelqu’un qui a pourtant un certain talent pour argumenter.
MBC fait plutôt dans le whataboutisme en évoquant d’autres cas, et estime que la chroniqueuse veut nous « empêcher de réfléchir à la signification des événements, à leur portée sociologique ». Je vous rappelle que l’on parle ici d’événements qui ne se sont pas produits.
On pourrait lui laisser le bénéfice du doute quant au bout sur l’Initiative du siècle, puisque même si le gouvernement ne s’y est pas rallié, dans les faits, il se rapproche de ses lignes directrices. Mais bon, officiellement, le Parti libéral ne s’y est pas rallié.
Évidemment, une personne en quête d’attention comme Éric Duhaime ne pouvait pas laisser passer cette occasion. Oubliant qu’il est maintenant politicien, il s’est permis un tweet pour entrer dans la danse.
Tellement de choses ici! D’abord, qualifier Isabelle Hachey de polémiste, c’est ironique en maudit. De woke aussi, alors qu’elle a été l’une des premières à dénoncer le traitement réservé à Verushka Lieutenant-Duval. Enfin, il dit qu’elle veut annuler Mathieu Bock-Côté. Ça me donne presque l’impression que nous vivons dans un monde totalitaire (sans le goulag) où on ne peut plus critiquer les gens. Comme si exposer des erreurs factuelles impliquait qu’on voulait annuler quelqu’un.
Comme l’art d’Éric Duhaime est de renverser toutes les situations pour se présenter en victime, il a aussi dit à la radio que justement, le fact checking était du totalitarisme (mon résumé ici): « Elle est en train de prouver qu’ils ont une pensée totalitaire. On ne dit pas que c’est des fascistes ou que c’est des communistes, mais leur façon de vouloir éliminer les gens qui pensent différemment d’eux, ça amène à une espèce de conformisme, à un totalitarisme. » Ce n’est pas du fascisme, c’est juste du totalitarisme qui veut éliminer des gens. Ah bon!
Dans la guerre culturelle qui a cours en ce moment où l’on veut sans cesse opposer la gauche et la droite, les villes et les régions, on nous dit que ce qui crée des personnages comme Trump, c’est la réaction d’une partie de la population qui ne se reconnait plus dans un nouveau monde woke, écolo et multiculturaliste.
Il y a sans doute du vrai là-dedans, mais je pense que ce nouveau monde a été défini par des gens qui veulent en profiter politiquement et économiquement. Bien sûr que de se faire dire que nous sommes dans un monde totalitaire où on ne pourra plus prendre notre char parce qu’il y a trop d’immigrants, ça peut-être choquant. Mais ce n’est pas une description juste de la réalité. Et il est de plus en plus difficile d’aller parler à ce public pour lui dire, « eille, c’est vraiment pas si pire que ça, on se rejoint dans l’parc? »
D’ailleurs, je pense bien que Mathieu Bock-Côté se fout pas mal d’être démasqué. Il continue son petit bonhomme de chemin dans son univers parallèle à décrire le monde totalitaire dans lequel il ne peut plus rien dire, sauf pendant les huit heures par jour où il est en ondes.
L’IA qui nous rend paresseux
Peut-être que ça ira mieux quand l’intelligence artificielle aura conquis le monde. En attendant, on peut s’amuser de ce genre de situation:
Parce que je suis paresseux, je me suis pris un abonnement à ChatGPT 4 pour tester la version plus avancée. Je ne suis pas trop sûr si c’est utile parce que je suis toujours en train d’aller googler pour être sûr que ChatGPT ne me dit pas de niaiseries. Mais ça me permet de générer des images pour mes infolettres. Peut-être que je pourrai un jour aussi soumissionner pour illustrer un calendrier.
Voici d’ailleurs une image d’un monde où l’intelligence artificielle condamne toute une génération à la paresse intellectuelle, générée à ma demande par DALL-E.
Ç’a l’air relax.
Plogues
- 🎥 OLI 24/7 - Éric Duhaime: Rétablir les faits est-il woke?
- 🎥 OLI 24/7 - Le Denis Coderre nouveau
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asteureUne curation quotidienne de nouvelles intéressantes que vous avez peut-être manquées parce que les réseaux sociaux sont rendus fous.Par Olivier Niquet
Denis Coderre et ses tweets
Pour rester dans la technologie, j’ai sourcillé en lisant ce passage d’une entrevue avec Denis Coderre:
Récemment, l’ensemble des publications du compte X de M. Coderre ont aussi disparu. « C’est eux autres qui me les ont effacées. Ce n’est pas moi », a-t-il expliqué. « J’avais 300 000 membres et, là, il ne m’en reste presque plus. Je ne sais pas ce qui est arrivé. Je pense que M. Musk [le propriétaire de X] a manqué d’électricité, sa batterie a pété ou je ne sais pas ! Je n’ai pas touché à X », a-t-il poursuivi en riant. En date de lundi, M. Coderre avait plus de 278 000 abonnés sur le réseau social, mais aucun abonnement.
Hmmm, le jour où il dit qu’il songe à se présenter à la chefferie du PLQ, par hasard, X efface tous ses tweets? Permettez-moi d’en douter. Ça ressemble à « mon chien a mangé mon devoir ».
La crise du logement
On s’en doutait, mais Farnell Morisset nous explique ici que les prix des logements ne baisseront jamais:
Vous comprenez aussi pourquoi, dans l’ordre économique et politique actuel, aucun gouvernement ne peut se permettre d’agir pour faire réellement tomber les prix des maisons. Peu importe les belles paroles et les promesses, une trop grande partie de l’économie repose sur la valeur actuelle de l’immobilier et l’hypothèse d’une croissance future au moins égale aux taux d’intérêt.
Désolé!
Les partisans de Trump
« Donald Trump a déclaré à une salle pleine de ses partisans que seulement 2% d’entre eux pourraient réussir un test destiné à détecter le déclin cognitif, affirmant que le test demandant aux participants de nommer des images d’animaux n’était ‘pas facile’. »
Ça veut dire qu’il pense que 98% de ses fans sont en déclin cognitif?
Maire de Laval
Le Youtubeur Maire de Laval nous fait son portrait du monde médiatique québécois. Ce n’est pas jojo.
Musique
Un nouveau Future Islands. Je trouve en général que leurs pièces se ressemblent un peu trop, mais c’est bon quand même.
Citations
– Quand est-ce que vous vous êtes dit, OK, là, je peux devenir un gars du Parti libéral?
– Moi, je suis rouge à Québec, rouge à Ottawa, rouge à Moscou, si c’est pas communiste.
🔈 Denis Coderre, à propos de son évolution
– On ne change jamais, on évolue et puis c’est sûr que…
– Qu’est-ce qui a évolué?
– Déjà là, pendant que mon petit-fils apprenait à marcher, moi je réapprenais à marcher. Deuxièmement, je pense que ce que les gens ont besoin de plus en plus, c’est d’expérience.
🔈 Denis Coderre, concret avec un journaliste
– Qu’est-ce que tu veux toi?
– Des thèmes que vous allez aborder en région, les principaux thèmes durant votre tournée régionale.
– L’écoute. Moi, j’ai des idées sur les municipalités et les écoles.
– Mais concrètement, qu’est-ce que ça veut dire concrètement?
– Si ce n’est pas concret, c’est parce que tu ne connais pas le monde municipal, mon homme.
Il me semble qu’on est bien loin de chez nous, ici au Canada, ces jours-ci, parce que le chez-nous auquel on était habitués comme Canadiens était le chez nous où on pouvait avoir un chez nous.
🔈 Pierre Poilievre, qui cite un jeune homme qui ne peut plus aller au restaurant
Je suis ici juste pour demander quelque chose. Je veux pouvoir emmener mes enfants dans un restaurant au centre-ville sans me faire pogner dans le visage. Parce que le danger dans les petites villes là où on ne barrait même pas les portes il y a huit ans est incroyable.
🔈 Luc Lavoie, à propos de Donald Trump
Vraiment, c’est d’une vulgarité que j’ai jamais vue, sauf le seul qui peut me rappeler ça et c’est historique, c’est Mussolini.
🔈 Michelle Blanc, inquiète pour de l’immigration aux États-Unis
Pis qu’il y a près de 10 millions d’immigrants qui ont traversé la frontière dans les dernières années et qui sont majoritairement des hommes en âge de combat qui arrivent seuls. OK, pourquoi? […] En âge de combat, c’est des Chinois beaucoup, entre autres, qui traversent les frontières. C’est inquiétant, tsé. Ça, ça m’inquiète. Ça, on devrait en parler un peu plus, puis on n’en parle pas assez. On parle du climat, tsé. Ah! le climat, le climat…
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