Le complotisme est rendu commercial
Au menu aujourd’hui:
👻 Un grand changement de plateforme
📢 Le complotisme grand public
⛪️ La polyvalence de l’extrême droite américaine
🏙️ La menace de la ville 15 minutes
🚲 Les taxes du vélo
Ghost
Aujourd’hui est un grand jour puisque j’ai changé la plateforme qui héberge cette infolettre. En tout cas, c’est un grand jour pour moi. Ça ne devrait pas changer grand-chose de votre côté, à part quelques guedis sympathiques.
Je vous avais informé il y a quelques mois que je n’appréciais pas trop les politiques de Substack en matière de propos haineux. C’est jamais le fun d’être hébergé sous le même toit que des néonazis. J’ai donc migré vers la plateforme Ghost, qui est une plateforme à code ouvert. C’est assez en ligne avec ma philosophie numérique (c’est la seule philosophie que j’ai), et ça me donne plus de latitude quant à la conception et à l’hébergement de l’infolettre. C’est niaiseux, mais j’éprouve beaucoup de satisfaction à gosser dans le côté technique de ce genre de chose. Et quand ça fonctionne, je jubile. Je jubile flegmatiquement, mais je jubile quand même.
Ça implique aussi que j’ai dû/pu fusionner mes trois infolettres. C’est-à-dire que tous les contenus seront disponibles sur tourniquet.quebec et non pas sur trois sites différents. Les lecteurs auront le choix de s’abonner à l’une ou plusieurs des infolettres. Asteure, mon infolettre quotidienne, s’intitule maintenant Tourniquet 360. Si vous avez des suggestions, je cherche encore un nom plus original, mais je veux garder Tourniquet dans le titre. Je sais, je suis un as du branding. L’infolettre du Sportnographe gardera le même titre.
Le complotisme est rendu grand public
Grosse semaine pour les influenceurs de la frange médiatique. Samuel Grenier, cet homme qui a déjà qualifié le centre de vaccination du Stade olympique d’abattoir et qui estime que si une jeune fille de 13 ans est consentante, elle peut bien fréquenter un homme de 40 ans, a obtenu beaucoup de visibilité médiatique. Je vous l’ai déjà dit, je m’intéresse surtout à ces personnes lorsqu’elles obtiennent une approbation implicite dans les médias.
M. Grenier est allé chez Richard Martineau à QUB Radio pour faire la promotion de sa conférence sur la pédocriminalité (j’imagine que ça exclut l’histoire de la fille de 13 ans ci-haut). Je l’ai écouté. Je sais, je suis un peu débile de me taper ça pendant mes vacances, mais je me sacrifie pour vous. Martineau semble carrément en pâmoison devant lui. Il nous offre même quelques « wow » admiratifs et lève son chapeau à son invité parce qu’il dit aimer les gens « qui arrivent avec un angle inédit ». Selon lui, il faut être confrontés à des gens qui pensent différemment que nous. Je suis bien d’accord avec ça, c’est ce que je fais à longueur de journée. C’est juste que ma limite de « penser différemment » s’arrête à la désinformation et à la malhonnêteté.
Mon bout préféré de l’entrevue reste celui où M. Grenier explique qu’il invite des conférenciers français qui ont beaucoup d’adeptes:
« C’est stratégique d’inviter des gens qui ont de grosses communautés parce qu’ils achètent nos conférences »
Tout est là. C’est d’ailleurs la stratégie de M. Martineau, j’ai l’impression: inviter Samuel Grenier parce qu’il fédère beaucoup de monde, des gens que lui est ses collègues de Quebecor ont perdu comme auditeurs en appuyant les mesures sanitaires. D’ailleurs, la vidéo de l’entrevue sur YouTube a obtenu 23 000 visionnements, bien au-delà du nombre moyen de visionnements des vidéos de QUB sur YouTube.
Encore cette semaine, M. Grenier était à l’émission de Dominic Maurais à Radio X où il a été annoncé qu’il serait un collaborateur régulier au retour de l’émission à l’automne. La même émission recevra aussi Anne Casabonne comme chroniqueuse. Toujours à QUB, Mathieu Bock-Côté recevait Maxime Bernier (pour une deuxième fois en peu de temps) et Ian Sénéchal, le conseiller financier qui forme un couple avec Frank le Dédômiseur dans un balado geignard. On peut débattre d’immigration, mais peut-être que ce trio-là n’est pas la meilleure façon de le faire de façon nuancée. Encore ici, j’ai l’impression que c’est un débat qui n’est pas informé et qui vise plutôt à mettre de l’huile sur le feu.
Justement, un article du magazine français Crieur, décrit Mathieu Bock-Côté ainsi:
« Le discours, déconnecté de toute référence ou travail d’enquête solides, est aussi répétitif que virulent. Néanmoins, sa radicalité apparaît un cran en dessous des propos d’Éric Zemmour lorsque ce dernier occupait une place similaire, par le simple fait que Mathieu Bock-Côté évite les injures racistes ou les falsifications historiques sur la Seconde Guerre mondiale. »
Bref, ce sont des sujets dont il faut discuter, mais ce n’est peut-être pas nécessaire de donner de la visibilité à toutes les idées juste parce qu’elles existent.
Ironiquement, la semaine dernière, M. Grenier et un autre influenceur de son acabit se plaignaient de n’avoir pas l’influence du temps de la pandémie.
Il y a peut-être un peu moins d’effervescence sur leurs réseaux, mais en contrepartie, les têtes d’affiche de l’époque sont en train de devenir mainstream. Quand j’étais jeune, il nous arrivait de juger des groupes de musique en disant qu’ils étaient rendus « commercial ». Je pense que c’est ce qui arrive avec les complotistes. Ils sont devenus grand public. D’ailleurs, j’ai hâte de voir ce qui se passera avec la nouvelle émission de Stéphan Bureau à Télé-Québec. Je suis quand même rassuré de voir que Jean-Philippe Cipriani sera sur l’équipe...
La polyvalence de l’extrême droite américaine
Il faut dire qu’il y a des gens qui se spécialisent dans les batailles contre les élites, peu importe le dossier. Le Guardian nous propose un bon texte à ce sujet:
« Des chercheurs étudiant les groupes antigouvernementaux et la haine ont confirmé la présence, lors des contre-manifestations, de plusieurs activistes d'extrême droite qui ont participé à des manifestations anti-LGBTQ+ et anti-vaccin dans le sud de la Californie ces trois dernières années. [...] Si ces contre-manifestants sont attirés par les manifestations contre la guerre au Moyen-Orient, c'est parce qu'ils les voient à travers le prisme d'une vision plus générale de droite, selon laquelle les sociétés et les familles « traditionnelles » sont menacées. »
C’est évidemment typique des États-Unis. Chez nous, l’influence de la religion est bien moins grande. Même si certains des amis de Samuel Grenier s’inquiètent de la mainmise de Satan sur nos sociétés, ça ne semble pas être une de leurs principales sources de motivation. Je ne pense pas non plus qu’on puisse les qualifier d’extrêmes droites. Ce sont plutôt des gens extrêmement opportunistes et naviguent de cause en cause pour faire fructifier leur compte PayPal.
La Nouvelle alliance
Les vrais crinqués de chez nous sont moins nombreux, heureusement. À ce sujet, Jean Barbeau d’URBANIA est allé au rassemblement de la Nouvelle Alliance, décrite comme « un groupuscule d'extrême droite portant un nationalisme ethnique – blanc, "catholaïque" et canadien-français – axé sur un repli identitaire et un rejet raciste de l'immigration et de la diversité ».
C’est à la fois pathétique et inquiétant.
La menace de la ville 15 minutes
À l’inverse, les radicaux de la gauche, si je me fie à la Radio Pirate de Jeff Fillion et à nombre de chroniqueurs, ce seraient ceux qui veulent implanter la ville 15 minutes.
Est-ce que c’est moi ou c’est un peu absurde de trouver épouvantable d’imaginer des villes où tout peut se faire à pied?
Vélo et taxes municipales
Le vélo est vu comme l’ennemi numéro un pour plusieurs. À ce sujet, drôle de titre d’un article du Journal de Montréal.
Pourquoi préciser « de Valérie Plante »? En même temps, Mme Plante doit être contente d’être associée au succès du REV.
Et que dire de cette question au maire Bruno Marchand à propos de la contribution des cyclistes au financement du déneigement?
Cassé, comme dirait Brice de Nice.
Musique
Je pensais pas que Cage The Elephant était assez big pour faire le Centre Bell. Cette chanson-là est bonne en tout cas.
Discussion