L’immobilité durable

Au menu: Une visite en Ontario, nos rêves de TGV et l’acceptabilité sociale du tramway de Québec.

L’immobilité durable

D’abord, je m’excuse d’avoir pris congé de l’infolettre quotidienne pendant quelques jours et de vous avoir privés de balado jeudi et vendredi dernier. Je ne sais pas comment vous avez fait pour vous passer de moi. Sans blague, merci d’être au rendez-vous, Olivier Niquet en jaquette est parmi les balados les plus écoutés sur Ohdio, et ça me console de devoir me lever à 5h30 pour l’enregistrer.

Olivier Niquet 24/7 (en jaquette)
À moitié endormi, Olivier Niquet commente l’actualité un café à la main tous les matins de semaine.

Toronto

J’ai pris congé pour aller à Toronto avec mes amis. Chaque année à l’automne, nous faisons un petit voyage comme ça. New York, Boston, Chicago, Toronto. Nous sommes partis entre « bros » dans une Mustang (électrique) vers les contrées lointaines de l’Ontario. J’avais tout le long en tête la chanson de Mononc’ Serge: C’est long, c’est long, c’est l’Ontario. C’était la troisième fois que j’y allais, mais j’avais un peu oublié la tristesse de la route.

Toronto est une ville bien sympathique, mais qui n’a rien de particulier à offrir. Ils ont beau essayer de nous voler notre poutine comme mets « canadien », c’est difficile de trouver une spécificité à la ville. C’est joli, c’est sympathique, c’est relax, mais à part ça, rien à rapporter. C’est comme une ville américaine, mais en plus gentille et avec des Tim Hortons. Beaucoup de Tim Hortons.

Le premier soir, nous sommes allés voir un match des Maple Leafs et j’ai été assez surpris par l’ambiance. Dans le sens qu’il n’y en avait pas. Bon, c’est sûr que les Blues ont vite pris les devants et que ça a jeté un froid, mais c’est comme s’il n’y avait aucun enthousiasme dans la place. Pas de message qui disait « faites du bruit!!!! ». Moi, ça me prend un message « faites du brui!!!! » pour faire du bruit. Je me suis même demandé un moment donné s’ils n’avaient pas ajouté de faux bruits d’applaudissement. On entendait des sons, mais je ne voyais personne bouger dans l’aréna. Peut-être que j’avais trop bu de bière aussi.

Dans un bar sportif, nous sommes par contre tombés sur ce beau moment de hockey pendant un entracte:

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La LNH a vraiment une belle influence sur les jeunes.

Je suis aussi allé voir un spectacle de l’humoriste David Cross. Vous le connaissez peut-être si vous avez regardé la série Arrested Developpment. Il jouait le Tobias le « never nude ». Le show était correct. Un peu brouillon. Pas de gros rires, mais j’ai été diverti. J’ai de loin préféré le spectacle de Mégane Brouillard que j'avais vu deux jours plus tôt, mais y’a à peu près aucun point de comparaison entre les deux, sinon que c’est de l’humour.

La ville en général nous a semblé plutôt morte, en tout cas, avant le samedi soir où tout d’un coup les rues se sont remplies. Ça m’a un peu rassuré. Mais nous partions le lendemain, alors je ne pourrais pas vous dire si mon expérience est anecdotique (sûrement). Mais peu importe, même à Ottawa, j’aurais du plaisir avec ces gars-là.

Plogues

Histoires de trains

Je pourrai peut-être y aller en TGV la prochaine fois. Joke! Je n’y crois pas vraiment à cette histoire de TGV plus ou moins annoncé par le gouvernement Trudeau. C’est dommage. On dirait que c’est rendu impossible d’avoir de grands projets qui auront des impacts à long terme.

Il y aurait 20 millions de personnes qui vivent dans le corridor entre Québec et Windsor. Même si j’aimerais mieux que Montréal soit relié à New York (ou Punta Cana), ça ne fait aucun doute qu’une telle ligne serait bénéfique.

« M. Barrieau (un expert en transport) anticipe des "bénéfices majeurs" à long terme, qui vont "aider à payer ce projet-là" par exemple en évitant de construire d’autres autoroutes et d’autres aéroports. « On construit un projet comme ça pour 150 ans. Le Canada méritait mieux qu’un train à grande fréquence. » L’expert estime, lui aussi, qu’un train à grande fréquence, sans la grande vitesse, n’aurait pas amené "une transformation de la mobilité" et la demande de la clientèle aurait été trop faible. »

C’est un charme de prendre le TGV en Europe et en Asie, pourquoi est-ce qu’on serait trop niaiseux ici pour faire pareil? Je rêve d’un jour prendre le REM vers la station de TGV et d’arriver à Québec une heure plus tard pour ensuite prendre le tramway pour me rendre à destination (un Ashton, mettons).

On parle d’un projet de 80 à 100 milliards, mais monsieur Barrieau évoque un coût de 120 milliards. C’est plutôt le montant de 200 milliards qui est cité par les détracteurs du projet. En tout cas, pour l’instant. Dès que quelqu’un aura évoqué 300 milliards, ça deviendra la somme préférée des anti-TGV. Je le sais parce que quand je parle du troisième lien, je donne toujours l’évaluation la plus élevée. C’est pas vrai, je ne parle jamais du coût des projets de transport, je pense surtout à ce que ça coûterait en immobilité de les faire ou de ne pas les faire.

Malheureusement, nous sommes dans un monde où l’acceptabilité sociale se mesure à l’aune de ceux qui crient le plus fort. C’est le cas avec le tramway de Québec. Un nouveau sondage vient de sortir quant aux appuis à ce projet et on nous dit que 40% des citoyens de Québec sont d’accord avec la construction du tramway.

Je trouve ça quand même pas pire considérant que deux stations de radio et demie font campagne contre le projet.

Sylvain Bouchard de Cogeco s’est emporté et a dit que c’est à cause des politiciens qui n’écoutent pas le peuple comme dans le cas du tramway que des gens se tournent vers des populistes à la Donald Trump.

« Ça se demande toute pourquoi des gens votent pour Donald Trump. Le peuple, à un moment donné, là, t'as le goût de leur faire un « fuck you ». Le goût, c'est pas de ce qu'on le fait, le goût de faire un « fuck you ». C'est juste ça, Trump. Ils envoient Trump comme une espèce de p'tite fusée, là. Ah ouais, donc on va, on est écœurés des élites qui méprisent le peuple. »

Il ya un peu de vrai là-dedans, mais je pense que Trump existe surtout à cause des Sylvain Bouchard de ce monde qui donnent les clés au public pour que leur rage sorte de leur cage, n’en déplaise à La Chicane. Et le pire, c’est qu’ils ne servent pas « le peuple », qui devrait inclure les gens qui n’ont pas de voiture et qui vont utiliser ledit tramway. Ils servent les élites. À commencer par eux-mêmes qui sont bien nantis et influents, mais aussi les grandes corporations et les politiciens milliardaires comme Trump.

Ces gens ont vraiment une définition du peuple très circonscrite, c’est-à-dire que le peuple se résume aux gens qui sont pris pour les écouter dans leur char. La démocratie, c’est aussi de mettre des gens en place qui vont prendre les meilleures décisions pour la communauté. À Québec, ils ont voté pour des partis qui étaient d’accord avec le tramway. Bien sûr qu’il y a une partie de la population qui va vous dire qu’elle n’en veut pas, puisqu’elle n’est pas touchée par le trajet ou parce qu’elle ne prévoit pas l’utiliser.

Dans les circonstances, 40%, c’est presque miraculeux.

Musique

Du nouveau La sécurité juste pour nous.

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