L’intelligence « autre » à la conquête du monde
S’il n’est pas trop tard, je commence par vous souhaiter une bonne année 2025. Ça me surprendrait que collectivement, 2025 soit bonne, mais individuellement, ça se peut!
J’ai profité du temps des fêtes pour revoir un peu l’organisation de cette infolettre. Ça ne changera pas grand-chose, mais plutôt que de faire des envois réservés aux abonnés payants où je me lâche un peu plus lousse et où je révèle des informations croustillantes (mais pas tant que ça), j’ai décidé de les inclure dans une section supplémentaire à l’infolettre hebdomadaire visible uniquement par les membres premium-plus-full-élite (il se peut que ça bogue, je suis en rodage). Ces derniers recevront encore aussi en primeur mes envolées exagérées sur des sujets banals.
Aujourd’hui, dans la section « premium plus », je parle des effets de l’arrivée potentielle de Poilièvre sur Radio-Canada et des fous du roi qui ne veulent plus qu’on se moque des rois.
En passant, j’ai aussi profité des fêtes pour revamper mon infolettre quotidienne. Si vous n'êtes pas abonné, vous pouvez modifier vos paramètres d'abonnement en cliquant sur le lien de votre compte. Le lectorat a augmenté et le taux d’ouverture des courriels et de clics sur les liens est vraiment excellent, ce qui est signe que ça plaît, j’imagine. C’est le parfait complément à Olivier Niquet en jaquette, qui sera de retour lundi.
Signe de vie
Mais j’ai surtout profité du temps des fêtes pour faire un Lego (l’Ornithoptère de Dune), regarder la télé et lire des livres.
En fait, j’ai mis de côté ma lecture de Nexus de Yuval Noah Hariri pour m’embarquer dans quelque chose de plus léger. Ma conjointe de fait a fouillé dans un croque-livre, ces boîtes où on peut se débarrasser des livres que l’on a déjà lus (ou fait semblant d’avoir lus), et m’a ramené un livre de science-fiction intitulé « Signe de vie ».
C’était un livre assez poche (et je ne parle pas de son format) d’un auteur que certains qualifient de Dan Brown portugais: J.R. Dos Santos. Son premier défaut, c’est qu’il sentait la cigarette. Son propriétaire précédent l’a clairement lu en fumant clope sur clope, et disons que je devais me laver les mains chaque fois que je le déposais. Ark. Son deuxième défaut, c’est que c’est le genre de livre qui nous prend un peu pour des idiots en nous répétant sans cesse les mêmes choses pour être sûr que l’on comprenne, comme dans un film américain. Et comme un film américain, il m’a totalement diverti.
Le livre raconte un premier contact avec des extraterrestres par l’entremise des radars de S.E.T.I. Même si c’est mal écrit et redondant, il y avait plein d’informations intéressantes sur l’origine de la vie. J’ai même noté cette citation, qui explique peut-être pourquoi nous sommes en train de bouffer toutes les ressources de la terre:
« L’intelligence et la conscience exigent des cerveaux énormes, lesquels nécessitent beaucoup d'énergie. Les êtres intelligents et conscients doivent constamment ingérer de grandes quantités de protéines pour fournir suffisamment d'énergie à leur cerveau, ce qui peut créer des déséquilibres dans la biosphère si la vie intelligente devient dominante et consomme toutes les ressources, comme cela commence plus ou moins à se produire sur Terre.
Pour les scientifiques (fictifs) du livre, l’évolution humaine ne peut donc mener qu’au remplacement de la vie biologique par une vie, disons robotique. Un jour, l’éthique prendra le bord et nous allons créer des êtres supraintelligents qui décupleront aussi leur intelligence en créant d’autres êtres encore plus supraintelligents qui fusionneront avec les machines jusqu’à ce qu’il ne reste que celles-ci. J’escamote quelques détails, mais je ne pense pas que ce soit farfelu. C’est pas pour rien qu’Elon Musk est derrière le projet Neuralink.
Justement, après m’être lavé les mains, j’ai repris ma lecture de Nexus. Harari y parle de la menace de l’intelligence artificielle pesant sur l’humanité. Il ne voit pas un monde à la Terminator ou The Matrix, mais s’inquiète de comment les broligarques et leurs pantins (mon interprétation) utiliseront ces technologies.
« The Matrix défendait la thèse selon laquelle, pour accéder à un contrôle total de la société humaine, les ordinateurs devraient d'abord contrôler physiquement nos cerveaux et les brancher directement sur un réseau informatique. Or, pour manipuler les humains, il n'est pas nécessaire de connecter leurs cerveaux à des ordinateurs. De tout temps, prophètes, poètes et hommes politiques ont utilisé le langage pour manipuler et remodeler la société. À présent, les ordinateurs apprennent à le faire. Et ils n'auront pas besoin d'envoyer des robots tueurs pour nous abattre : il leur suffira de manipuler des êtres humains pour qu'ils appuient sur la détente.
Nous vivons dans une société de surveillance. Ces entreprises connaissent tout de nous, de ce qu’on aime ou pas, nos déplacements, notre vie privée. Elles ont même vos photos intimes dans leurs bases de données. Elles mettent dans leur petite poche les dirigeants populistes (ou pas) de ce monde. Bientôt, elles vont laisser l’IA décider à leur place. Et l’IA n’aura pas le même type d’intelligence que l’humain, dit Hariri.
« Il convient de noter que les gens définissent et évaluent souvent l’IA à l'aune d'une «intelligence de niveau humain»; le débat fait rage autour de la question de savoir quand nous pouvons nous attendre à voir les IA atteindre un tel niveau. Or, le recours à ce critère de comparaison prête à confusion: ce serait comme définir et évaluer les avions en se référant à un «vol de niveau oiseau». L'IA ne progresse pas en direction d'une intelligence de niveau humain. Elle est en train de développer un type d'intelligence totalement différent. »
C’est pourquoi il préfère dire intelligence « autre » qu’artificielle. Quelles décisions prendra cette intelligence pour l’avenir de l’humanité? Une Birmanie planétaire? Disons que l’alliance entre les gros bonnets de la techno et les populistes du monde entier m’inquiète pas mal. C’est drôle d’ailleurs que les complotistes inquiets des « mondialistes » soient si fans d’un Elon Musk qui s’ingère partout sur la planète…
Trouvez-moi un livre plus léger (et qui sent bon) dans un croque livre au plus sacrant!
Justin Trudeau est beau
Pour ceux qui pensent encore que nous vivons dans une méritocratie, il convient de rappeler de temps en temps que Justin Trudeau n’a pas été élu parce qu’il était le plus brillant…
é-déologues
Dans La Presse cette semaine, Daphnée B. incluait dans ses tendances sociales pour 2025 l’émergence des é-déologues:
« Néologisme de l’auteur Joshua Citarella, le mot « e-déologie » renvoie aux identités politiques complexes que certains jeunes adoptent en ligne au contact de sous-cultures numériques. Le cybernihilisme, l’accélérationnisme apocalyptique ou le transhumanisme antidémocratique, ça vous dit quelque chose ? Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que le spectre binaire de la gauche et de la droite peine désormais à circonscrire pleinement les profils idéologiques hétéroclites de nos jeunes hyperconnectés. »
Bref, devant la variété du buffet des tendances et des idéologies, on en vient qu’à s’en forger une à la pièce, mettons.
Ça m’a fait penser à cet autre article, dans Le Devoir, sur les tendances musicales du XXIe siècle. Philippe Renaud nous dit que les genres musicaux n’ont plus de frontières.
« Internet et la dématérialisation du support physique ont également joué un rôle dans la transformation de la musique elle-même : une nouvelle génération de créateurs, des omnivores musicaux, brouille les frontières entre les genres musicaux au point où on peut se demander si ces genres ont encore une signification, et même un avenir. »
C’est vrai que les gens ne sont plus aussi monomaniaques qu’avant. Les cowboys n’écoutent pas que du country et les milliardaires que de l’opéra. Il n’y a que Jean-Sébastien Girard qui est resté dans les années 80.
Laval ville arabe
Chaque fois que je lis un truc comme ça de Mathieu Bock-Côté, j’en viens qu’a me demander comment il a pu obtenir ses diplômes en faisant autant fi de la méthodologie.
« Tirons une leçon de cet article jovial involontairement révélateur: l’immigration massive nous condamne à la disparition. »
Non! On ne tire pas une leçon sur l'immigration du commentaire mésinformé d'un quidam!
Musique
Je ne connaissais pas Chappell Roan.
⚑ PREMIUM: Poilievre, Radio-Canada, Martin Petit
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