Mon char, mon choix d’information

Les caribous et le stunt de Pierre Poilievre, les écureuils qui grugent les lumières du Costco et l’anti-anti-wokisme.

Mon char, mon choix d’information

D’abord, merci à tous ceux qui ont participé à ma campagne de financement 2024. Pour les autres, il vous reste une journée encore pour profiter de l’offre spéciale. Les détails sont ici.

Les caribous

Chaque fois que je parle de l’industrie forestière et/ou des caribous, je reçois des courriels de quelques amis hors Montréal qui me disent que je ne suis pas tout à fait sur la coche. C’est bien possible. C’est un dossier que je connais peu. La semaine dernière, j’ai cité à la radio Pierre Poilievre qui expliquait que le village de Sacré-Cœur sur la Côte-Nord allait être « éliminé » à cause du décret sur les caribous de Steven Guilbault parce que ça « tuerait » des jobs. C’est surtout la rhétorique de Poilievre qui m’intéressait là-dedans. Je le trouve agressif, à l’occasion.

Mais j’avais aussi accroché sur le fait que le chef conservateur avait dit à Patrice Roy que l’industrie forestière cohabitait avec le caribou sans problème depuis 100 ans. Il reste 225 caribous dans la zone dont il est question. C’est pas mieux ailleurs. Leur déclin est spectaculaire partout au Québec. J’ai fait un raccourci en parlant de la harde de la rivière George qui est passée de 800 000 à 8000 bêtes depuis 75 ans. Il n’y a pas ben ben d’arbres à couper dans ce coin-là et ce n’est donc pas l’industrie qui a causé leur perte. Tout ce que je voulais dire, c’est que la population de caribous a eu une méchante droppe en 100 ans et que même s’il n’y a pas de cause à effet, c’est un peu osé de dire que les chainsaws et les caribous s’entendent bien. Semble-t-il toutefois que contrairement à d’autres animaux, « le caribou est ultra vulnérable aux changements climatiques » me dit un connaisseur. C’est un autre facteur dont il faut tenir compte.

N’empêche que le petit stunt de Poilievre qui est allé à Sacré-Cœur rencontrer la compagnie Boisaco le jour du lancement d’une campagne contre Steven Guilbault donne l’impression que c’est arrangé avec le gars des vues.

La mairesse a dit à plusieurs reprises que sa ville allait devenir un village fantôme et le propriétaire de l’entreprise a dit qu’on sous-estimait la quantité de caribous. On les comprend de vouloir protéger leur coin de pays, mais eux aussi semblent prendre des raccourcis:

« L’entreprise avance notamment que le nombre d’individus est stable dans les hardes de l’écotype forestier du caribou des bois, tout en remettant en question les données disponibles sur la sous-espèce. « Les femelles ont tendance à se sauver dans le bois quand elles entendent l’hélicoptère du recensement », a illustré André Gilbert. »

Pas mal sûr que les scientifiques qui font des recherches là-dessus ont pensé à ce facteur. D’ailleurs, une étude récente a conclu que « Les coupes forestières poussent 11 des 13 populations de caribous du Québec vers l’extinction ». Comme je dis, je ne connais pas énormément le dossier, mais il y a beaucoup de facteurs dont il faut tenir compte. C’est aussi une bonne idée de tenir moins compte du lobbyisme de l’industrie et de la récupération politique…

Musique IA

Au chapitre de la faune, je connais mieux les écureuils. Mon ami Alex m’envoie régulièrement des tounes qu’il « compose » avec Suno, l’intelligence artificielle qui crée de la musique. C’est vraiment impressionnant. Cette semaine, il m’a fait une chanson sur les écureuils qui mangent ses lumières du Costco.

Les écureuils je les z’haïs by @purposefulxylophones530 | Suno
Techno electro mysterious song. Listen and make your own with Suno.

Ça m’a touché, parce que moi aussi ma guirlande de lumière a été grugée.

Le steak d’Éric Duhaime

Toujours dans la récupération politique, cette semaine à la radio, j’ai parlé d’Éric Duhaime qui est allé faire pitié à QUB après avoir prétendument reçu une « déferlante de haine » après avoir publié une photo de steak. Vous pouvez écouter ici:

Sous sa publication comme sur les autres sites qui en ont parlé, très peu de personnes lui font des reproches. Il a quand même joué à la victime pendant douze minutes avec Sophie Durocher et s’est servi de ça pour tirer des conclusions sur la société québécoise qu’il faudrait changer, grâce à son aide (je suppose). Une histoire montée de toutes pièces. L’une des choses qui m’énerve le plus, c'est quand les médias donnent de la visibilité à une histoire en lui conférant des proportions qu’elle n’a pas. Ça arrive trop souvent.

Mon char, mon choix d’informations

Une autre affaire, et ça concerne encore le chef du PCQ, c’est quand on rapporte les propos d’un politicien sans les corriger. Ce n’est pas de l’objectivité que de rapporter ce que quelqu’un dit si c’est objectivement faux.

Avec sa campagne Mon char mon choix qui vise à repousser l’interdiction des véhicules à essence au Québec, Duhaime a sorti une foule d’arguments (dont celui sur l’abolition des chevaux), mais il n’y a que Daniel Breton, président de Mobilité Électrique Canada, qui a remis les pendules à l’heure dans une lettre ouverte du Journal de Montréal.

C’est bien, mais je rêve que ce soit plutôt les journalistes qui fassent ce travail lorsqu'ils parlent de la proposition du PCQ. Daniel Breton représente une organisation qui n’est pas neutre dans ce dossier. D’ailleurs, il semble qu’il ait été mis de côté d’un débat sur la question à QUB Radio parce que pas en état d’y participer. Quand même efficace la façon dont QUB a édité le segment pour enlever toute trace de son passage…

Plogues

Anti-anti-woke

Anne Casabonne est maintenant chroniqueuse à Radio X. La ritournelle qui annonce son arrivée est géniale « Anne Casabonne, est bonne, est bonne ». Fallait y penser. Bien sûr, c’est intentionnellement niaiseux.

Elle a entre autres réagi à la lettre de Mark Zuckerberg qui a dénoncé la pression qu’il a eue pendant la pandémie pour censurer la désinformation. Dans la foulée, Mme Casabonne réclame le retour d’une vidéo qui avait été retirée de Facebook. Elle affirme qu’elle n’en n’avait pas contre le vaccin, mais contre le passeport vaccinal. Elle dit qu’elle n’est pas médecin, donc qu’elle ne donnerait jamais son avis sur un vaccin… dans la même phrase où elle qualifie la vaccination « d’essai clinique ». On se rappelle qu’elle avait dit que le vaccin était « de la grosse marde ».

De toute façon, elle était à Radio X principalement pour parler des wokes et de la culture de l’annulation. C’est le nouveau modèle d’affaires des vedettes alternatives de la COVID. Elle s’est inquiétée des dérives que la discrimination positive engendrait, et c’est vrai qu’il peut y en avoir. Il y a aussi parfois une sorte de bienveillance de façade qui peut nuire à la cause comme le rapportait Isabelle Hachey.

Personnellement, j’en ai surtout contre la folie de l’anti-wokisme. Pour certains, c’est comme si l’apocalypse était à nos portes. La censure existe, mais elle vient plutôt des anti-wokes acharnés, comme le démontre une étude américaine sur les livres mis à l’index:

«  Il y avait moins de 5 % de livres conservateurs, notamment une fois la Bible, parmi les livres bannis. Le bannissement de gauche est donc très minoritaire. »

Bref, comme il n’existe plus vraiment de définition du mot woke qui tienne la route, je ne sais plus trop où me placer, mais je sais que je suis anti-anti-woke.

L’effet Boque

Parlant de Zuck, l’auteur Aaron Ross Powell (un gars que je sais pas c’est qui) a écrit un texte assez intéressant sur la bulle dans laquelle vivent les magnats de la Silicon Valley. Il y introduit le concept de « l’effet Quillette » que j’ai bien aimé.

« Tout d'abord, il y a ce que j'ai appelé dans le passé "l'effet Quillette." Parce que nous croyons que nos propres idées sont correctes (sinon nous ne les croirions pas), nous avons tendance à penser que les personnes qui partagent nos idées sont également correctes. Ainsi, lorsque quelqu'un qui partage nos idées nous parle de nouvelles idées que nous ne connaissons pas, nous avons tendance à penser que sa présentation de ces idées est probablement exacte. Quillette est un site web qui a souvent publié des articles expliquant des idées de gauche à son public majoritairement de droite. Si vous faites partie de cette communauté et partagez la perspective généralement de droite des auteurs de Quillette, mais ne connaissez pas grand-chose des idées d'origine de la gauche dont ils discutent (comme la théorie critique de la race, le postmodernisme, etc.), vous trouverez probablement leurs explications convaincantes, non seulement en termes de présentation raisonnablement précise de ces idées, mais aussi dans leur conclusion que ces idées sont sans mérite. Mais si vous connaissez quelque chose à propos de ces idées, vous constaterez que Quillette les présente de manière médiocre et inexacte. »

Je cherchais un terme québécois pour expliquer cet effet, mais nous n’avons pas vraiment de « marque » médiatique équivalente à Quillette. Ça s’appliquerait à une partie des chroniqueurs de Quebecor peut-être. En fait, j’ai l’impression que c’est Mathieu Bock-Côté qui bat le tambour pour cette clique et il me semble que l’appellation « Effet Boque » serait bien. Dans le sens qu’on boque sur sa vision du monde. La pognez-vous?

L’accident d’Emmanuelle Pierrot

L’autrice Emmanuelle Pierrot écrit maintenant pour URBANIA, et son premier texte fesse.

« Mon père arrive. Il parle à une préposée, il lui dit que j’ai écrit un roman qui a connu un franc succès, cette année. Elle s’en câlisse. Après, il vient me chuchoter à l’oreille : « IL Y A VRAIMENT DES GENS QUE L’ART, ÇA NE LES INTÉRESSE PAS. »

Faut vraiment que je lise « La version qui n’intéresse personne ».

Musique

Dans la musique pas artificielle, je recommande cette pièce de Snow Angel de Horse Jumper Love:

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