Les idées simples changent le monde (malheureusement)
Les anglicismes à la radio, le théâtre de Génération ambition, la victoire des idées simplistes, et le retour des communistes.
Bienvenue sur Tourniquet, l’infolettre d’Olivier Niquet sur la bêtise médiatique et politicienne, l’urbanisme et sur les communistes. Au menu aujourd’hui:
- 📻 Les anglicismes à la radio,
- 🎭 Le théâtre de Génération ambition,
- 🤪 La victoire des idées simplistes,
- 🇻🇳 Le retour des communistes.
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Je suis en semi-vacances. Nous avons fêté notre fin de saison de radio la semaine passée. Tous les potins de notre party sont disponibles ici.
La PDRQC
Toujours difficile de revenir à la vie (l’envers de la « pas de vie ») après une saison de radio où chaque jour est un éternel recommencement qu’il faut remplir d’information cocasse. Je passe d’être à l’affût constant de ce qui se dit partout à être à l’affût de ne pas oublier d’arrêter de jouer à Civilization VI en robe de chambre. Ça prend une certaine déprogrammation parce que j’ai toujours la FOMO derrière la tête. La peur de rater quelque chose cède la place à la peur de n’avoir rien accompli dans une journée. Je ne suis pas habitué de me coucher le soir et de réaliser que je n’ai rien fait d’utile (à part un lavage). Une chance qu’il me reste cette infolettre.
Les anglicismes
Mais comme disait Yogi Berra (et beaucoup trop d’experts sportifs à sa suite), c’est pas fini tant que c’est pas fini. Jeudi justement, j’ai été interpellé par la chronique de Maxime Pedneaud-Jobin dans La Presse.
« L’émission La journée (est encore jeune), à Radio-Canada, est un bel exemple d’un certain laisser-aller linguistique. Toutes les personnes dans le studio ont la capacité de parler un français impeccable. Pourtant, elles parlent de « mon highlight de vie » (plus grand moment), je « feel » (je ressens), un « roast » (bien cuit), un « hot seat » (entrevue corsée), un « citoyen random » (quidam, citoyen lambda). »
Il réagissait ainsi à une étude du Cégep de Jonquière sur la langue dans nos médias. Je sais qu’à une époque, M. Pedneaud-Jobin aimait bien notre émission. C’est peut-être encore le cas puisqu’il semble l’écouter suffisamment pour avoir noté ces mots anglais. Il aurait certainement capoté davantage s’il avait été un auditeur d’une émission d’humour sur une radio commerciale. Je sais, nous ne sommes pas obligés de nous comparer à pire.
Sur le fond, je suis bien d’accord avec l’ancien maire de Gatineau. On devrait toujours privilégier les mots dans la langue de chez nous. Comme il dit, « il faut mener la bataille, un mot à la fois ». Personnellement, en ondes comme dans cette infolettre, les mots en anglais que j’utilise sont calculés pour faire un effet comique. La plupart du temps, lorsque c’est inutile, j’utilise le mot en français. Si la blague ne repose pas sur l’anglicisme, je ne le choisis pas. Bon, d’accord, ce n’est pas une science exacte. Je pense qu’il y a une différence entre utiliser un mot en anglais à La journée est encore jeune et utiliser un mot en anglais à Midi info. La caricature de la langue vernaculaire nécessite parfois d’utiliser la langue vernaculaire.
Au-delà de tout ça, je pense que si on veut que le français ne rebute pas trop les jeunes, on peut se permettre certaines dérogations. Que les jeunes utilisent des mots en anglais ne m’inquiète pas autant que le fait qu’ils écrivent ou parlent carrément dans la langue de Lord Durham sur les réseaux sociaux ou qu’ils ne consomment que la culture d’ailleurs. Je ne veux pas faire du whataboutism (pardon, du « pisçatutencrissme » comme quelqu’un me l’a déjà proposé), mais on s’inquiète de ce qui se dit dans nos médias alors que nos jeunes les ont déjà quittés, nos médias…
Plogues
Mon bilan de fin de saison: tous les politiciens sont pareils!
Club Kombucha
Ma sœur a décidé de passer à autre chose et cherche quelqu’un pour prendre la relève de Club Kombucha. Une belle entreprise dans un marché en effervescence. Passez le mot!
Génération PCQ
Cette vidéo m’a bien fait rire. Difficile d’être moins naturel.
@generation.ambitionPlusieurs commerces ont dû fermer leurs portes depuis les confinements. On connait une grande perte de vitalité économique. Les rues ne sont plus ce qu’elles étaient. Il est temps que cette réalité soit discutée sur la place publique pour qu’on trouve collectivement des solutions pour offrir un leg de prospérité aux prochaines générations. Génération Ambition ; Nos Actions, Notre Avenir. #generationambition #nosactionsnotreavenir #jeune #jeunesse #jesserobitaille #ashley #quebec #politique #quebec #grandeallee #commerce #commercant #fermeture #caq #avenir
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Dans cette belle pièce de théâtre, les deux représentants de Génération ambition se désolent du peu d’achalandage de la Grande-Allée à Québec. Peut-être que ç’a été tourné un mardi soir où il faisait 7 degrés Celsius? Je sais pas. Je ne connais pas assez la situation de la Grande-Allée pour juger si elle est vraiment déserte. Ça fait longtemps (jamais) que je suis pas allé au Dagobert. Reste qu’on veut encore faire du millage sur la pandémie ici.
Génération ambition, j’en ai déjà parlé à la radio, c’est une organisation « transpartisane » de jeunes qui appuient uniquement le Parti conservateur du Québec. L’une des fondatrices, Éloïse Coulombe, a dit s’impliquer en politique parce qu’elle est tannée que le gouvernement « lapide » notre argent. Content de savoir que notre jeunesse est contre la lapidation.
Rigueur, rigueur, rigueur
L’autre fondateur de Génération ambition, c’est Joey Aubé. Joey m’a aussi fait rire sur les réseaux sociaux avec ce tweet.
Faut dire que Joey collabore à l’émission de Dominic Maurais. Ça m’a fait rire parce que M. Maurais se vante lui-même de ne pas se préparer. On ne compte plus les fois où il a relayé de fausses informations. Il y a quelques mois, il s’était moqué de Jean-Philippe Cipriani qui à l’émission Tout peut arriver avait perdu l’accès au texte de sa chronique:
« J’anime un morning show de quatre
heures et j’ai pas de notes, by the way.
J’ai aucune note devant moi,
j’ai pas de notes devant moi là. »
Bravo!
Comme l’a dit Raynald Brière, dirigeant de RNC Médias, « travailler chez Radio X, c’est comme travailler chez McDo ».
Suffit d’apprendre une couple de recettes et de les appliquer à toutes les situations. Ce n’est pas très important de savoir de quoi on parle dans certains médias.
Slate a fait ce portrait du successeur de Tucker Carlson à Fox News:
« Fox News a ainsi licencié Carlson en avril dernier de façon abrupte, peu de temps après avoir réglé le procès en diffamation engagé par Dominion Voting Systems. Après avoir hésité pendant un temps sur son remplaçant, la chaîne a finalement décidé qu’elle en avait assez des « appareils intelligents » et qu’elle préférait revenir à un vieux modèle basique, qui n’avait peut-être pas des tonnes de nouvelles fonctionnalités, mais qui était fiable pour faire son travail. Et c’est ainsi que Jesse Watters est devenu l’animateur du programme phare de la chaîne en prime time. Je féliciterai Watters, dont je suis le travail sur Fox News depuis très longtemps maintenant : il a commencé tout en bas et a gravi les échelons pour atteindre le sommet, et je suppose qu’il y a quelque chose d’admirable là-dedans, même si ses mérites n’ont clairement eu que très peu à voir avec son ascension. Watters n’est qu’un gars mielleux et un mou personnage qui se contente de répéter la ligne du parti et de céder au populisme réactionnaire paresseux qui est vraiment tout ce que son travail exige. »
Quand on offre un produit simpliste, on n’a pas besoin de quelqu’un de compliqué. Et considérant qu’au Québec, « plus d’une personne sur deux (53,2 %) n’atteint pas le niveau 3 de littératie », il y a un marché pour les idées très simples, au détriment des enjeux complexes, tels que relatés dans ce texte.
Communistes
Pour rester dans les idées douteuses, je n’arrête pas de tomber sur des vidéos de communistes québécois par les temps qui courent…
Je crois comprendre qu’il y avait un congrès de fondation dans les derniers jours. Peut-être une niche pour les partisans de QS inquiets du pragmatisme.
Bellefleur
URBANIA nous offre une réflexion autour de la série Bellefleur:
« Bellefleur ne présente pas ses hommes comme étant des portevoix pour un discours féministe, non plus. Les hommes de_ Bellefleur_ sont des hommes en temps de paix, et leur masculinité s’exprime comme étant ce moyen d’assumer ses choix, de travailler en équipe avec une partenaire de vie, d’exprimer qui on est, ce qu’on veut et de simplement être là les uns pour les autres. »
J’ai entendu de bonnes choses sur Bellefleur, mais je ne l’ai pas encore regardée. Je n’ai vu qu’un bout où un gars hétéro se met en chest (ah tiens, en voilà un exemple de mot que je me permets d’utiliser en anglais parce que ça me fait rire) pour en frencher (bis) un autre. Ça m’a semblé spécial, mais c’était hors contexte, comme on dit.
Ça me fait penser par ailleurs à cette parodie d’URBANIA de Roxane Labanane, l’humoriste de droite relativement conspi. Mon Dieu que c’est convenu et pas subtil…
Jon Stewart
Rien de bien nouveau dans cette vidéo de Jon Stewart au Daily Show, mais disons que ça résume assez bien dans quel monde médiatique nous vivons en ce moment.
Musique
L’album de Bett Gibbons a reçu de très belles critiques et c’est effectivement assez joli.
Bonne semaine!
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