Tout le monde a son troll, le whataboutisme et les asexuelles de Sudbury

Tout le monde a son troll, le whataboutisme et les asexuelles de Sudbury

Retour tranquille à la routine pour moi. À la routine de travail confinée, ce qui n’est pas très loin de ma routine de travail d’antan, au fond. Ma nouvelle (presque) résolution de 2022, c’est de tweeter un peu plus. C’est bon pour mon Klout (quelqu’un se souvient du Klout?). Je remarque toutefois que chaque tweet qui évoque la pandémie vient avec son lot de réponses agressives. Il vient un moment donné où on arrête de les lire, je suppose. Parce que des gens comme Patrick Lagacé doivent avoir beaucoup de messages à ne pas lire.

J’ai entendu quelqu’un (je ne me souviens plus qui malheureusement) dire cette semaine que de nos jours, tout le monde a un troll. Que vous soyez une personnalité publique, que vous soyez un quidam ou que vous soyez entre les deux (c’est-à-dire un participant à Big Brother Célébrités), il y aura quelqu’un pour vous gosser sur les réseaux sociaux. Quelle belle époque.

Parce qu’il y a toujours moyen de gosser. Si vous tweetez sur Canadien mettons, quelqu’un vous répondra: « pourquoi ne parlez-vous pas plutôt de la révolution au Kazakhstan? ». Ça marche avec tous les sujets. C’est le fameux « whataboutisme », « un sophisme visant à dévier une critique par des références à d'autres griefs réels ou présumés. ». Je sais pas comment traduire ça. Le « ouimaisquefaittudedisme »? Je suis ouvert aux suggestions.

Poodle

Toujours en matière de réactions sur les réseaux sociaux, il y a aussi des gens comme Doom Dumas, que j’appelle affectueusement le Poodle de Jeff Fillion, qui a réagi à mon entrevue avec Louis T (qui est maintenant disponible au complet, gratuitement).

Bien sûr, ce n’est pas ce que je dis. Mais ça ne sert à rien de lui répondre. C’est juste pour vous informer subtilement que la vidéo de Louis T est disponible. Quel habile marketeur je suis.

Des tonnes de courriels

M. Poodle travaille à Radio X et Le Devoir a justement écrit un article sur la fermeture de la page Facebook de Sortons les poubelles cette semaine. J’ai beaucoup aimé ce passage où un restaurateur disait avoir reçu plein de messages à cause de cette organisation:

« J’ai dû recevoir des centaines de courriels haineux depuis 3-4 ans. Je trouve ça déplorable », raconte-t-il, sans pour autant souhaiter montrer des exemples de ces messages lorsqu’interrogé par Le Devoir. »

J’adore quand les gens disent « j’ai reçu des tonnes de courriel ». Ce n’est jamais quelque chose qu’on peut vérifier. Ça m’arrive de le faire parfois à la radio, un peu à la dérision. Genre « J’ai reçu des centaines de courriels de gens qui me parlaient de mon abri Tempo ». Vous êtes obligés de nous croire sur parole.

Radiowokanada

C’est difficile à prouver. Un peu comme l’histoire de Tara Henley dont je vous ai parlé la semaine dernière. Cette chroniqueuse qui a travaillé pour la CBC et qui a quitté parce qu’elle s’inquiétait ce l’ambiance trop « woke ». Quelques textes ont tenté de faire la lumière là-dessus par la suite. Celui-ci a entre autres étudié ce que faisait exactement Tara Henley à Radio-Canada.

« Un examen rapide des travaux antérieurs de Tara montre qu'elle s'est battue avec acharnement pour combattre ce genre de propagande marxiste culturelle avec des pièces telles que « 5 choses zen à faire à Vancouver, l'épicentre du froid au Canada » et « Les pistes cyclables les plus époustouflantes que Vancouver a à offrir » et « Six leçons surprenantes que nous pouvons tous tirer des gourous de la retraite anticipée. » Je peux seulement imaginer qu'elle a évité de justesse d'être réduite au silence à chaque tournant.

En fait, si vous passez même vingt minutes à parcourir la carrière de journaliste de Henley, vous verrez que son pain et son beurre ne sont pas du tout des nouvelles ou des événements d'actualité. Ainsi, lorsqu'elle écrit avoir « provoqué des tensions » dans une réunion d'histoire avec ses « points de vue sur des problèmes comme la crise du logement », je me demande exactement quand elle est devenue une ardente défenseure de ces problèmes. Au cours des deux dernières années, Henley n'a même pas tweeté une seule fois sur la crise du logement, un problème que la CBC a largement couvert au cours des derniers mois. Presque toutes ses histoires passées dans plusieurs publications canadiennes portent sur les livres et l'industrie de l'édition, quelque chose qu'elle dit plus tard dans sa lettre était la « ligne directrice » au cours de ses 20 ans de carrière. »

Cet autre l’a interviewé pour obtenir des exemples.

Brown : Et quel était le discours interdit sur les mandats vaccinaux ?

Henley : Il ne s'agit pas de discours interdits. Ce n'est pas comme ça que ça marche.

Brown : Ou arguments interdits ou invités interdits ?

Henley : Je ne dis pas que je suis censuré. Ce n'est pas du tout ce que je dis.

Brown : Mais vous dites dans votre article que certaines idées n'étaient pas les bienvenues, et vous venez de me dire que certains invités n'étaient pas les bienvenus.

Henley : Il s'agit d'une vue d'ensemble de la façon dont cela fonctionne. Il s'agit de toutes ces différentes pressions à la fois, contribuant à une atmosphère vraiment étouffante et qui ne nous encourage pas à regarder sous des angles différents. Je parle de la philosophie en général en ce moment, de ce que les gens me disent, de ce dont les gens parlent.

Qu’on se comprenne bien, il est possible que l’ambiance de la CBC incite à une sorte d’autocensure. Comme je disais, je ne connais pas trop la CBC. Reste que la dénonciation de Henley semble basée sur un feeling plus qu’autre chose.

Mais mon texte préféré est celui de Sophie Durocher, d’abord pour son titre, mais aussi parce qu’à part que de traduire ce que Tara Henley a écrit, elle n’a qu’ajouté un exemple de son cru:

« On n’a pas besoin de chercher bien loin pour trouver la même chose du côté de Radio-Canada. Le 28 octobre, on pouvait lire sur le site de Radio-Canada tout un reportage intitulé : Une asexuelle de Sudbury partage sa réalité. »

Elle a réussi à trouver un texte d’il y a deux ans, tiré d’une émission de radio à Sudbury pour prouver qu’en français aussi, Radio-Canada est trop sensible. Ce qui m’a fait un peu rire par contre, c’est que son propre journal en a déjà parlé et sa propre station de radio aborde aussi ce genre de sujet.

Bref, il y a encore beaucoup d’esbroufe dans cette histoire. Ça décrédibilise le processus et empêche probablement de s’attarder à un problème réel.

Pour ceux que ça intéresse, je serai ce soir à La semaine des 4 Julie pour parler un peu de nos amis les Ostrogoths et présenter d’autres vidéos amusantes. 21h sur Noovo.

S’il vous reste du temps..

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