Si ce n’est pas brisé, ne réparons pas, mais si ce n’est pas réparable, construisons autre chose

Bienvenue sur Tourniquet, l’infolettre d’Olivier Niquet sur la bêtise médiatique et politicienne, l’urbanisme et les nids de poule (en tout cas, pour cette fois-ci).

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Tourner les coins ronds

J’ai arrêté cette semaine de faire des petites vidéos de revues de presse sur les réseaux sociaux. D’abord parce que ça me bouffait trop de temps, ensuite parce que ça ne m’en bouffait pas assez. J’avais l’impression d’être toujours sur le bord de ne pas savoir de quoi je parlais parce que je n’avais pas le temps d’étudier tous les tenants et aboutissants de la chose. Un jour, je ne travaillerai plus sur une émission de radio quotidienne (je ne suis pas pressé) et je reviendrai à cette carrière de Youtubeur.

J’ai pensé à ça en lisant cette chronique de Patrick Lagacé sur le tournage de coins ronds (d’ailleurs, bonne fête à π). Il y est question de Toula Drimonis de la Gazette qui a dû se rétracter suite à une charge contre Jean-François Lisée, et à Mathieu Bock-Côté, qui a lui persisté et signé.

Patrick y explique qu’il y a plusieurs personnes qui relisent ses chroniques avant publication. Je suis jaloux. Pas juste pour la correction des fautes, mais aussi pour la correction des faits. Personne ne relit cette infolettre avant son impression dans votre boîte à malle. Personne ne vérifie ce que je dis avant que je le dise à la radio devant des milliards d’auditeurs. J’ai toujours la crainte de faire dire aux gens des choses qu’ils n’ont pas dites, d’avoir mal compris le contexte, ou d’avoir mal saisi les intentions. Je ne suis pas journaliste, mais j’essaie de ne pas dire (trop) de niaiseries. J’imagine qu’à date, ça se passe plutôt bien puisque je n’ai pas reçu de mise en demeure (sauf une fois au chalet).

Le risque est quand même grand dans le cadre d’une émission quotidienne. Le temps manque. Encore hier, on m’a demandé si cette citation d’Éric Duhaime était véridique ou bien si c’était du deepfake:

Comment ça se fait qu’aujourd’hui, il y aurait 6, 7, 8 fois plus de gays dans les écoles que ma génération? Faut qu’on se pose des questions. Qu’est-ce qui s’est passé? Comment ça se fait que ça a aussi explosé? Je ne sais pas ce qui se passe, mais de toute évidence, il y a quelque chose. La nature ne s’est pas trompée plus qu’il y a 20 ans.

J’ai douté. Je suis allé réécouter le balado de Jason Bajada où il a dit ça. Il se demande bel et bien pourquoi il y a une recrudescence de mineurs qui veulent faire des transitions, et extrapole à l’homosexualité. Je ne suis pas sûr de comprendre son lien avec la nature. Dans tous les cas, ce n’est pas un deepfake et que je suis pas mal sûr que je n’ai pas tourné les coins ronds là-dessus.

Cela dit, si vous constatez des erreurs dans ce que je dis, n’hésitez pas à m’écrire. Je pourrai au moins me corriger rétroactivement.

Vindredi

Toujours en matière de Duhaime, la controverse autour du 5 à 7 entre François Legault et Pascal Bérubé pendant la pandémie m’a bien fait rire. J’en ai fait un petit résumé ici. C’est bien sûr Éric Duhaime qui a attaché le grelot à cette histoire. Dès qu’il y a moyen de rallumer le feu pandémique, il le fait.

Il a fait un esclandre pendant toute une journée à ce sujet, faisant peut-être semblant de ne pas savoir à quelle date avait eu lieu ce 5 à 7, même si Emmanuelle Latraverse avait dévoilé que c’était le 26 février 2021 quelques heures plus tôt et que la rencontre était autorisée. Une fois la chose sue, il a continué d’être fâché que M. Legault ait présumément dit à la blague qu’il pourrait faire un billet à M. Bérubé pour éviter le couvre-feu. Il s’avère que M. Duhaime est trop sensible pour accepter ce genre de blague. Ça l’insulte. Tellement snowflake, les jeunes de nos jours. À ce sujet, voici une petite vidéo d’URBANIA (habile comme placement, non?).

Bref, il a trouvé tout ça bien hypocrite de faire ce genre de joke alors que des gens souffraient du confinement. Ce qui est quand même ironique quand on voit ce que son ancien collègue Rafael Cavaliere (dont j’ai parlé un peu ici) lui a répondu…

Deux journées de fausse indignation là-dessus qui coïncidait avec la présentation du budget du Québec. Ensuite, il a fait une conférence de presse sur les trans. Dire qu’Éric Duhaime essaie de nous faire croire qu’il est d’abord un conservateur économique et/ou un libertarien…

La fabrication d’un scandale

La spécialité des politiciens comme Duhaime, c’est de fabriquer des scandales avec l’aide des médias. À ce sujet, le petit topo de l’émission Quotidien en France a bien expliqué ce qui s’est passé avec l’affiche des Jeux olympiques de Paris.

@quotidienofficielLa fausse polémique sur l'affiche des JO continue... Et après CNews, c'est BFM qui s'y met 🙈 #jeuxolympiques #jeux #paris2024 #cnews #bfm #jo#2024 #affiche #polemique #france #tiktokfrance #paris #news #tiktoknewsph #sportstiktok

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Bref, certains médias font du tapage, les politiciens sont forcés de réagir et parce que les politiciens réagissent, les autres médias finissent par en parler. Ça me rappelle l’histoire des toilettes mixtes en Abitibi. Bernard Drainville avait réagi et c’était devenu un débat national.

Toilettes

Parlant de toilettes, Richard Martineau s’est transformé en femme l’instant d’un pipi en fin de semaine.

C’est drôle parce qu’en 2022, il lui était arrivé la même chose, mais au gym. Tsé, quand tu manques d’histoires, aussi bien en ressusciter des vieilles.

Plogues

• 🏒 Le Sportnographe - Le génie de Kent Hughes
• 🎥 OLI 24/7 - Montréal ensevelie sous les vidanges!
• 🎥 OLI 24/7 - Northvolt et les faits alternatifs
• 🎥 OLI 24/7 - Gilles Proulx content de la faillite de JPR et nostalgique des troubadours
• 🎥 OLI 24/7 - Sam Hamad se présentera-t-il à la mairie de Québec?
• 🎥 OLI 24/7 - Le miracle de l'échange de Jake Allen
• 🎥 OLI 24/7 - Le "scandale" du vindredi pandémique de Pascal Bérubé et François Legault
• 🎥 OLI 24/7 - Budget du Québec soporifique et le ministre Lacombe se fâche contre un journaliste

Nids de poule

Le printemps est arrivé (je sais, il est arrivé il y a un mois), alors je vais probablement sortir mon vélo bientôt et l’utiliser de temps en temps. C’est le fun aller travailler en vélo, mais quand ton travail est à 10km de ta maison, c’est quand même plus du sport que du transport. D’ailleurs, je me suis commandé un gugusse pour adapter mon vélo en vélo électrique (ce n’est pas de la pub, je ne sais même pas encore si ça fonctionne bien parce que je ne l’ai toujours pas reçu après six mois d’attente). Ça va peut-être m’aider à ne pas arriver à Radio-Canada suant comme un cochon en pleine canicule de février.

Ce qui m’amène à ce tweet de Raphaël Melançon, qui est entre autres consultant en relations publiques et analyste à CTV, qui a fait réagir cette semaine sur X:

Après le déneigement des pistes cyclables qui est trop efficace pour certains, voici que c’est leur asphalte qui est trop beau. J’aurais tendance à dire (comme bien d’autres lui ont répondu) qu’un vélo, c’est pas mal moins lourd qu’un char et que c’est fort possible que ça abîme moins les pistes. De plus, certaines pistes cyclables sont pas mal maganées.

Cela dit, les nids de poule, c’est l’enfer. La rue Christophe-Colomb semble avoir été détruite par des mines non binaires (désolé pour le montréalocentrisme).

Je trouve quand même que c’est un autre exemple de notre perte du sens des proportions:

En 2022, la Ville de Montréal investira 17 millions pour les pistes cyclables. C’est 3,3 % du budget de la Ville pour les routes. Sur l’île de Montréal, le vélo représentait très exactement 3,3 % de tous les déplacements… en 2018.

Bref, c’est tout juste proportionnel à l’ampleur du réseau. On continue de mettre beaucoup d’argent dans nos routes. Dans le budget du gouvernement du Québec dévoilé cette semaine, « les sommes prévues sur 10 ans dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) n’ont pas bougé pour les transports en commun, demeurant à 13,8 milliards, au même niveau que l’an dernier. » De l’autre côté, « l’argent prévu pour les routes sur 10 ans grimpe de 3 milliards ».

D’ailleurs, il faudrait peut-être que la droite réalise que la voiture coûte très cher à l’État:

« Selon une récente étude réalisée par les chercheurs Marion Voisin et Jean Dubé de l’Université Laval, pour chaque dollar dépensé individuellement, la société québécoise paie 5,77 $ pour le transport en voiture et 1,21 $ pour le transport collectif. »

Malheureusement, notre prémisse pour envisager le monde de demain est prise dans un carcan. C’est ce que dit le chercheur Dylan K. Baker.

« Prenons l’exemple de l’avenir des transports. Alors que la consommation d’essence accélère, que l’effondrement environnemental continue et que les erreurs de conduite tuent d’innombrables personnes, les avancées technologiques telles que les véhicules électriques et les voitures autonomes semblent être une évolution naturelle et logique. Elles donnent l’impression de résoudre des problèmes concrets et immédiats. Elles incarnent l’avenir. […] Lorsque nous présentons les voitures autonomes et les véhicules électriques comme la solution idéale aux problèmes de la pollution et des accidents de la route, nous écartons toutes les autres solutions possibles à ces problèmes : des logements denses, des routes à usage mixte, des transports publics performants. »

Tant que nos villes tourneront autour de l’auto, nous allons prendre nos autos. Je m’inclus là-dedans: je prends souvent mon auto parce que les alternatives sont poches. Et parce que nous sommes dans ce paradigme, nous nous limitons aux options qui ne débordent pas du cadre. Les projets trop ambitieux sont systématiquement mis de côté et la moindre menace au bitume est vue comme un acte de guerre à l’auto par les influenceurs à quatre roues.

« Lorsque quelque chose ne peut pas être réparé, la vraie question est alors : que pouvons-nous construire à la place ? » - Mariame Kaba

Si ce n’est pas brisé, ne réparons pas, mais si ce n’est pas réparable, construisons autre chose. Je suis parti de quelques nids de poule et nous voilà sur le bord d’une révolution, mais ça m’a fait du bien d’en parler.

Une carrière en jeu

Incroyable comment les médias populistes sont virés fous aux États-Unis. Candace Owen, qui a 4,8 millions d’abonnés sur X, a décidé de soutenir la théorie du complot voulant que l’épouse d’Emmanuel Macron soit un homme.

Elle est prête à mettre sa carrière en jeu pour cette histoire. D’ailleurs, le Président a dû évoquer cette théorie du complot la semaine dernière. Pathétique.

Masculinité

De l’autre côté de l’océan, cet animateur de Radio X continue de contester la masculinité de Justin Trudeau.

Où veut-il en venir?

On va se le dire

Je suis retourné à On va se le dire cette semaine. Bell a décidé de mettre en valeur mon passage avec cette vignette où j’ai l’air très heureux d’être là (je l’étais, pourtant).

Citations

🔈 Gilles Proulx, à propos de la faillite de Juste pour rire

– Le festival des comiques qui déclare faillite.
– Oui, et je suis content. Il ne faut pas oublier qu’un comique qui commence le circuit des salles du Québec devient millionnaire en un an. Ça démontre comment la facilité descend de niveau et ça fait partie justement de l’affaissement collectif du Québec.

🔈 Mathieu Bock-Côté, qui ne peut pas parler de peuple fondateur

Vous avez beau vous prendre pour un peuple fondateur, le Canada anglais n’est plus d’accord avec ça. Le Canada croit au multiculturalisme et quand vous dites que vous êtes un peuple fondateur, on vous accuse de suprémacisme ethnique.

🔈 Christian Dufour, à propos de #metoo

Dans le #metoo, le problème, c’est que, non seulement il y a certaines femmes qu’on n’entend pas, mais des hommes, les bons vieux gars, je parle pas des hommes roses, des apparentés, les sympathiques, les bons vieux gars qui parlent pas beaucoup, ils veulent pas se faire écoeurer, c’est-à-dire qu’ils parlent pas. […] Je les comprends de pas parler, parce que dans les médias, si jamais tu défends trop les hommes, tout ça tu vas me dire masculinité toxique.

🔈 Jérôme Blanchet-Gravel, à propos des mines non genrées en Ukraine

C’est un pays très conservateur aussi, à sa façon, vous pensez que l’Ukraine, c’est Safia Nolin?

🔈 Geneviève Guilbault, qui cherche des problèmes

C’est un joyau régional, pour plein de raisons économiques, touristiques, culturelles, pour des raisons aussi nationalistes, d’attachement à notre train de Charlevoix. Pour nous, c’était impensable de ne pas trouver un problème à cette solution-là.

🔈 Dominique Dumas, à propos des propos de Nina Machouf sur l’Iran

– Le régime dictatorial iranien a ramené le voile pour les femmes. Dites-moi si ça vous rappelle quelque chose.
– Si une femme était pas voilée, elle pouvait aller nulle part. Ni à l’école, ni à l’hôpital, ni dans les édifices gouvernemental, ni dans les magasins d’état, par la suite ni dans les magasins ni dans les autobus. Étape par étape.
– Le masque.
– Pis le vaccin, le passeport vaccinal.

🔈 Pascal Bérubé, à propos de son affection pour François Legault

Je me souviens, moi, d’un vendredi après-midi, en pleine pandémie, je suis au centre-ville de Montréal, puis je le texte, il y a personne à son bureau du premier ministre, il dit « qu’est-ce que tu fais? » Je dis « débarque à mon bureau, j’arrive avec une bouteille de vin. » […] Et là, on a passé l’après-midi, puis après j’ai dit « ben là, il faut que je m’en aille chez nous, parce que t’as mis un couvre-feu. » Il m’a dit « mais je te signe un papier, non? » Alors j’ai trouvé un taxi.

🔈 Éric Duhaime, nostalgique

Ils appellent même ça un modèle québécois, pour nous ce n’est pas un modèle et ce n’est pas québécois. Si c’était un modèle, il y a d’autres mondes qui le reproduiraient et si c’était québécois, ce n’est pas comme ça que nos ancêtres ont construit le Québec et la prospérité qu’on a.

🔈 Sam Hamad, qui se remémore des souvenirs de Denis Coderre

Et là, on comptait, je regardais les Régis, 1, 2, 3, 4, 5, on était rendu à 16, pis Coderre il se sentait petit en criffe, malgré son poids, il se sentait petit en tabarouette, en voyant ça.

🔈 Sam Hamad, qui présente sa vision pour Québec

– S’occuper d’une ville, pour moi, c’est simple, il faut s’occuper du compte de taxes.
– C’est important ce que vous dites, les gens écoutent.
– Moi, quand je paie des taxes, c’est parce que je veux que mes déchets soient bien gérés, je veux que mes vidanges soient ramassées à temps, je veux que le déneigement soit fait correctement, je veux que mes taxes soient correctes.