Un cordon sanitaire contre l’insanité

Au menu: la certitude inébranlable des idéologues, la Gazette massacre le français, les complots météo et un cordon sanitaire.

Un cordon sanitaire contre l’insanité

Salut la gang (je ne sais jamais comment débuter une infolettre)! Belle petite semaine d’automne. J’ai pris mon rendez-vous pour faire poser mes pneus d’hiver et je commence à penser à installer mon abri Tempo. Ma vie est super!

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Richard Martineau est super gentil
L’infolettre d’Olivier Niquet

Surtout, si vous aimez cette infolettre, vous devriez aimer Olivier Niquet en jaquette, sur Ohdio. C’est une suggestion, comme ça.

Olivier Niquet 24/7 (en jaquette)
À moitié endormi, Olivier Niquet commente l’actualité un café à la main tous les matins de semaine.

Il a 100% raison

J’ai noté une certaine tendance dernièrement dans les commentaires dans les réseaux sociaux sous mes publications où je cite des personnalités publiques qui ont des arguments bancals. On me répond: « il a absolument raison ».

Je trouve ça bizarre parce que généralement, ce n’est pas l’opinion de fond que je commente, mais la forme ou l’argument qui est lancé pour essayer de nous convaincre dudit fond. Bien sûr, je ne ferai pas semblant qu’il m’arrive aussi souvent de ne pas être d’accord avec le fond (surtout si c'est un bas-fond), mais mes commentaires ont plutôt à trait à ce qui soutient les opinions.

Nous sommes vraiment dans un monde où on acceptera n’importe quelle outrance et n’importe quel argument fallacieux si c’est en droite ligne avec notre opinion. C’est sûrement pourquoi les gens arrivent à rationaliser les propos abjects et les danses ridicules de Donald Trump, même si c’est réellement irréel (ça se peut).

Je pense entre autres à ce commentaire reçu sur X:

100%, c’est quand même beaucoup. Dans la citation dont il est question, Dutrizac traite les gens de Projet Montréal de malades mentaux, d’imbéciles et leur dit « fuck you ». On peut penser qu’il a 100% raison de mettre sur le dos des pistes cyclables tous les maux de Montréal, mais est-ce qu’il a aussi 100% de le faire en ces termes? Pas de quoi affecter les convictions des gens, visiblement.

Dans tous les cas, ce que je trouve le plus difficile dans mon travail, c’est de montrer les dérapages de l’autre bord, et je ne parle pas des cyclistes qui dérapent et foncent dans un char. Je n’en trouve pas dans nos médias, des politiciens ou des personnalités publiques qui disent: la CAQ sont des imbéciles, le PCQ sont des malades mentaux ou « fuck you » Pierre Poilievre. Le mieux que je réussis à trouver, c’est du monde comme Marc Miller qui dit que les conservateurs sont nonos.

Si vous voulez mon avis, il a 100% raison.

Plogues

The Gazette

On en en pas énormément parlé dans les médias, mais j’ai trouvé que cette image du jumbotron du Centre Bell qui arborait une publicité de The Gazette en disait long.

C’est un journal anglophone dans une ville (théoriquement) francophone, qui veut attirer des lecteurs à l’est de Saint-Laurent, mais qui n’est pas capable de faire une phrase simple en français. Non seulement pas capable de la rédiger, mais pas capable de s’assurer auprès des gens qui parlent français dans leur entourage (je suppute qu’il n’y en a pas tant que ça) que la phrase tient la route. Et que dire de l’équipe du Centre Bell qui n’a pas levé de flag (comme on dit à la Gazette), et qui ne s’est pas dit « ouin, faudrait peut-être leur dire que leur slogan, ça marche pas ». Affligeant.

Ça m’amène à ce texte de The Conversation qui se demande si le hockey peut encore être un pont pour contrer la polarisation. On peut entre autres y lire « qu’historiquement, le hockey a été joué et perçu comme une force unificatrice qui transcende les barrières linguistiques et ethniques. »

J’ai toujours dit que le hockey (mais ça marche avec les autres sports aussi) était un lubrifiant parfait pour mettre en relation des gens qui ne se croiseraient jamais. Que ce soient dans le hockey mineur, dans les ligues de garage ou bien dans les bars où on regarde du sport, des gens de tous les horizons seront unis dans une même cause: voir Canadien perdre.

Mais les scandales autour du hockey ont contribué à diviser les gens à son sujet. Il y a les nostalgiques du hockey d’antan et ceux qui le trouvent rétrograde.

« Le rôle du hockey en tant que force unificatrice s'est amoindri au fil des ans. Pour de nombreux Canadiens, le hockey n'est plus « le meilleur jeu que tu puisses nommer », comme le chantait autrefois Stompin' Tom Connors. Si le hockey veut conserver sa place historique en tant que contributeur au nationalisme canadien et à la communauté, ce sport doit évoluer. Bien que certaines valeurs traditionnelles — comme le travail d'équipe, la loyauté et le respect — doivent être préservées, des notions dépassées comme l'hypermasculinité et l'agressivité ne correspondent plus aux valeurs d'aujourd'hui. »

Je pense encore qu’un aréna est un endroit propice pour aller au-delà de ces différends. Je suis sûr que si j’allais regarde une game avec Éric Duhaime, on pourrait faire avancer le monde. Il y a juste l’idée de « transcender les barrières linguistes » pour laquelle j’ai des doutes en voyant une pub comme celle de la Gazette...

La météo

Même les sujets puérils comme la pluie et le beau temps polarisent, de nos jours. Et je ne parle pas que des raisonnements niais des climatosceptiques comme Adrien Pouliot du Parti conservateur du Québec:

Aux États-Unis, des météorologues ont reçu des menaces de mort à cause des théories du complot qui ont circulé autour de l’ouragan Milton. Des gens ont pensé que cet ouragan avait été créé par des météorologues pour des raisons complètement farfelues. Des théories relayées par des personnes qui ont une grande portée. Même Trump a mis de l’avant de fausses informations sur la FEMA, en charge d’aider les sinistrés.

Malgré tout, des analystes comme Rafael Jacob de la Chaire Raoul-Dandurand s’obstinent à vouloir mettre Trump et Harris sur un même pied d’égalité. « Deux candidats mauvais », nous disait-il dans un tweet effacé:

La politique est vraiment comme une religion pour plusieurs. Voir ces trumpistes s'exciter en criant à la victoire à 3 semaines du vote rappelle les partisans démocrates qui buvaient le kool-aid de la ''joie'' de Kamala à l'été. On reste dans les 50/50. Avec 2 mauvais candidats.

J’ai écouté quelques entrevues de Kamala Harris et c’est vrai que ce n’est pas les gros chars. Mais mettre les deux sur un même pied, c’est tellement gros. Il n’y a pas d’équivalence possible. C’est le gros problème des médias en ce moment et plusieurs reprochent au New York Times en particulier d’éluder le côté « insane » de Donald Trump en atténuant sa folie, en normalisant ses interventions. Ça risque d’encore une fois nous mener au bord du précipice. Quand je dis nous, je parle des États-Unis, mais tsé, on n’est pas loin.

D’ailleurs, information assez décourageante dans un sondage de la firme Environics sur les jeunes hommes canadiens qui appuieraient autant Trump que Harris.

Ici, on ne peut sûrement pas blâmer les médias qui atténuent la folie de Trump, mais certainement les réseaux sociaux qui poussent des contenus inquiétants dans le gorgoton de nos jeunes qui sont de moins en moins exposés à de l’information de qualité et qui sont de plus en plus accrochés par l’ivresse des influenceurs malveillants.

Donner la parole à l’extrême droite

Je suis tombé sur cette vidéo d’un animateur belge qui explique qu’en Belgique française, l’extrême droite est interdite dans les médias et que par conséquent… elle est pas mal moins populaire.

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Il semble que ce soit vrai:

« Le cordon sanitaire n’est pas seulement médiatique. En politique, aucun parti démocratique n’accepte de nouer de coalition avec le Vlaams Belang et les politiques refusent de débattre à la télévision ou à la radio avec un parti xénophobe. Pour les médias, le cordon est effectif uniquement du côté francophone. Chaînes et stations s’engagent à ne pas donner la parole en direct à ce type de parti. La diffusion en différé est bien sûr acceptée, car elle permet le temps de la réflexion, de l’analyse, de la contradiction, avec un contrôle sur les propos tenus. Le principe du cordon ne s’applique pas à l’extrême gauche : il ne s’agit pas d’une question d’extrêmes, mais d’un problème de propos racistes ou discriminants, sanctionnés comme des délits.

C’est toujours difficile de déterminer les limites de la liberté d’expression, mais le cordon sanitaire belge semble être une proposition intéressante.

Musique

C’est bizarre que je n’ai pas encore plogué de chanson de Avec pas d’casque dans cette infolettre…

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