Un skidoo, on peut-tu laisser ça dans cour d’un politicien avec du contenu?

Un skidoo, on peut-tu laisser ça dans cour d’un politicien avec du contenu?

Retour à la routine pour moi cette semaine. La fameuse routine « boulot, aréna, dodo, boulot ».

Dans la section full-élite-premium aujourd’hui, les abonnés du même nom pourront apprendre que Christian Rioux m’a écrit cette semaine et que Christian Dufour m’a écrit il y a quatre ans. Je sais, ce sont de grosses révélations.

Une question de contenu

La fin de semaine dernière, Pierre Poilievre est allé faire du skidoo au Saguenay. Ça semble être un terreau fertile pour lui, parce qu’il y va quand même souvent. D’ailleurs, l’un de ses personnages vedettes est Jean-Marie, le soudeur de Saguenay. C’est ce Jean-Marie qu’il cite chaque fois qu’il parle de l’exploitation des ressources naturelles: « quand je dois choisir entre envoyer de l’argent pour acheter du gaz à Poutine ou envoyer de l’argent à Jean-Marie le soudeur de Saguenay, je choisis le soudeur de Saguenay. Depuis 2022 qu’il sort cette ligne-là. À noter que Jean-Marie s’appelle parfois Jean-Marc ou Jean tout court et qu’il a un autre nom (que j’ai oublié) et vient d’une autre région (que j’ai oubliée) quand M. Poilievre parle en anglais. C’est quand même rassurant de savoir que lorsqu’il sera premier ministre et qu’on le mettra devant ce terrible dilemme: Poutine ou Jean-Marie, il privilégiera le gars de chez nous.

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M. Poilievre a donc fait du skidoo sur le skidoo de Guy Morin, militant proarmes à feu. Ce dernier a fait une petite entrevue et disons qu’ils étaient pas mal « friendly ». J’étais bien déçu qu’il ne lui demande pas si un skidoo, on peut laisser ça dans cour, mais ce sera peut-être pour une autre fois.

Une experte interrogée par Noovo a parlé de « politique de la brèche ».

« La professeure Ouellet a expliqué que «la politique de brèche», soit l'idée de chercher des enjeux plus divisifs pour faire des gains, est de plus en plus pratiquée avec la sophistication du marketing politique. «Les partis n'ont pas le choix pour gagner de prétendre rassembler tout le monde, mais au final c'est diviser pour régner», a-t-elle dit. »

Je suis pas mal sûr que le « public » de M. Morin lui est déjà acquis, mais bon. Même chose pour son entrevue avec Jordan Peterson, qui est vu comme un grand intellectuel par les influenceurs populistes, mais qui est aussi vu comme quelqu’un qui a déjà dit entre autres que « L'idée que les femmes ont été opprimées à travers l'histoire est une idée épouvantable » et beaucoup d’autres choses bizarres.

Mais je m’égare, ce n’est pas de M. Poilievre dont je voulais vous parler, mais de son député local Richard Martel, qu’il n’arrête pas de surnommer « le coach » parce qu’il a déjà été coach (un coach assez jambon par ailleurs). Dans une entrevue à Radio X cette semaine, le coach a raconté expliqué ainsi à l’animateur Dominic Maurais en quoi il s’était amélioré depuis qu’il a fait son entrée en politique:

« Écoute, au début, tu embarques dans ça, tu ne sais pas trop comment ça va aller, tu n'as pas beaucoup d'expérience, tu te méfies beaucoup des entrevues parce que tu manques de contenu, c'est ça l'affaire. Alors après ça, avec les années, tu gagnes du contenu, tu sais plus ce qu'il se passe, à force d'être dedans, tous les jours, il y a des choses qui se répètent, tu es au courant de la machine fédérale, tu es au courant de comment Ottawa fonctionne, on devient beaucoup plus à l'aise. Mais tout ça fait en sorte que ça prend du contenu. (…) Alors moi aujourd'hui, après 6 ans, 7 ans, c'est beaucoup plus facile, les enjeux, je les connais très bien, les dossiers, je les connais très bien, je m'en vais à Ottawa, c'est beaucoup plus facile, alors c'est ça que ça fait, parce qu'il faut prendre de l'expérience, mais c'est toujours le contenu, ça prend du contenu, puis au départ, tu ne l'as pas, tu as beau faire n'importe quoi, mais en tout cas, dans mon cas, je ne l'avais pas. »
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Richard Martel à Radio X
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J’apprécie cette belle candeur, mais ça fait réaliser à quel point on donne du pouvoir à des gens qui sont assez clueless. Déjà que Poilievre n’a jamais fait autre chose que de la politique, n’a jamais rien géré, peut-être qu’on va avoir un ou des ministres qui a appris sur le tas.

Le gars n’avait pas de contenu, mais on le choisit parce qu’il est connu dans sa région et qu’il a des chances d’être élu. Tant mieux s’il s’est grouillé le derrière, est allé dans les coins, et a bien joué sans la rondelle pour apprendre les mécanismes du parlement, mais ça reste qu’au départ, il le dit lui-même, il n’avait pas de contenu. Comprenez-moi bien, je suis pour que des gens de tous les milieux fassent de la politique. Ça fait du bien de voir autre chose que des hommes d’affaires et des avocats (le masculin est utilisé parce que tsé). Mais me semble qu’on se lance en politique pour nos convictions et qu’on a des convictions... parce qu’on a du contenu.

Pourquoi quelqu’un qui ne s’est jamais intéressé à la politique veut subitement en faire? Juste parce qu’il n’a pas de job en ce moment? Qu’en est-il des convictions, des idéaux? Je dis pas que M. Martel n’en a pas, mais ça donne cette impression. Et je parle de lui, mais tous les partis ont de ces « vedettes » ou poteaux. Ruth-Ellen Brosseau, tsé.

C’est drôle parce qu’en ce moment, en France, on débat plutôt de la compétence des ministres après que l’ancienne première ministre Élisabeth Borne ait dit qu’elle n’avait pas besoin d’être spécialiste pour être ministre de l’Éducation.

« Je ne suis pas une spécialiste de ces sujets, mais je sais combien les questions d'éducation et de formation de notre jeunesse, de son insertion dans la vie professionnelle, de la qualité de notre enseignement scolaire et supérieur et de la force de notre recherche sont des pierres angulaires pour notre nation. » Des déclarations qui avaient eu de quoi surprendre. Mais des propos que la députée Ensemble pour la République maintient : « Je ne crois pas qu'on attende d'un ministre qu'il soit spécialiste de ces sujets ou alors on peut repasser en revue les CV de tous »

Ici, on s’est pas ben ben demandé si Bernard Drainville connaissait quelque chose à l’éducation avant de le nommer ministre. Le fait qu'il jouait au roi de la montagne quand il était petit était suffisant. Je sais que c’est différent en France où les ministres ne sont pas des élus (d’ailleurs, pourquoi on ne fait pas ça ici?), mais quand même, ici peu d’élus, à part à la Santé, sont des experts dans leur domaine. Ça doit être le « deep state » qui gère tout! Genre.

Plogues

Proton

Je suis obsédé par les temps qui courent par les milliardaires qui prennent le contrôle de nos vies par l’entremise de leurs compagnies. Je ne comprends pas pourquoi les complotistes ne sont pas sur le dossier, d'ailleurs. Nous entrons dans la nouvelle ère des broligarques avec Trump II et j’ai l’impression que le public ne réalise pas à quel point on est dans la chnoute.

Il y a des initiatives intéressantes comme Free Our Feeds et Bluesky en parallèle. Après quelques mois, je continue d’utiliser Bluesky comme mon fil de nouvelles principal et c’est toujours aussi bien. Les gens réagissent à mes publications, et ils le font sans hostilité. Y’a même de plus en plus de gens qui parlent de sport, ce qui me manquait le plus auparavant. J’ai confiance que ça continue. De son côté, l’inventeur de Mastodon, un autre réseau social à code ouvert, a transformé son entreprise pour qu’elle « ne soit jamais ruinée par des PDG milliardaires ». Espérons que tout ce beau monde se parle, tout comme les protocoles qu’ils utilisent.

Pendant ce temps, Meta essaie de contrecarrer les plans d’une alternative à Instagram, Pixelfed. Mais ce qui m’a le plus déçu cette semaine, c’est cette publication du PDG de Proton, le service de courriel que j’utilise.

Qu’il soit d’accord avec cette nomination, c’est une chose, mais comme Proton base sa réputation sur la sécurité et l’indépendance, ça gosse en maudit que son dirigeant principal vante Trump sur les réseaux sociaux. Ça fait douter de son indépendance, mais surtout de son jugement. Arghlll.

Le Cybertruck en chair et en os

Pour rester dans les oligarques, j’ai vu quelques Cybertruck dans les dernières semaines, mais celui-ci m’a fait rire.

Le monsieur voulait être sûr qu’on voit que c’est un Cybertruck, alors il l’a fait écrire sur sa plaque.

Pour en savoir plus sur cette bête, Hugo Meunier est allé faire un tour de machine.

« Oh, et un message à ceux qui pourraient m’accuser d’offrir une infopub gratuite à Tesla : j’ai beau être un ami de Gaïa, le Cybertruck est selon moi l’objet roulant le plus horrible depuis le PT Cruiser et je n’en fais nullement la promotion. »

Brigitte Macron, ça ne lâche pas

J’ai déjà parlé des rumeurs en France voulant que Brigitte Macron soit un homme. C’était complètement n’importe quoi, bien sûr. Mais l’influenceuse Candace Owens en avait parlé et certains de nos chroniqueurs aussi. Je croyais que tout ça était du passé, mais encore cette semaine, Nathalie Elgrably du Journal de Montréal (et membre du conseil d’administration de TVA) est revenue à la charge.

Elle s’en fout dit-elle, mais relaie quand même l’information, tout en faisant un commentaire sur la virilité d’Emmanuel Macron. Venez pas nous faire accroire que c’est pas pour se faire du capital en misant sur la fibre transphobe/homophobe de X, tout ça.

Musique

Encore une découverte via André de Sorel: Jip Less.

⚑ PREMIUM: Christian Rioux m’a écrit un courriel

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